Father (1) délimite, avec l’animation, cinq espaces mentaux, subjectifs, témoignant de cinq histoires, deux fils, trois filles, cinq pères. Pour chaque monde, une particularité graphique. De différenciations en ressemblances, les témoignages se mêlent, se détachent. Nous ne sommes pas face à une union bébête de toutes ces relations père/enfants, Father reconnaît l’individualité de chacun, sans s’éparpiller dans cinq directions différentes.
Nous avons les pères décadents. Un chasseur, le loup, apprend à son fils à reconnaître les animaux. Il termine humain, alcoolique. La fille du loup bleu admire son père, géant, doux, aimant, aimé. Il meurt en prison, seul. Nous avons les pères monstres. Le nez crochu ment, mange, le translucide emprisonne sa fille et boit. Nous avons le père sans corps. naviguant dans l’espace, caché par un paquebot, loin de sa fille.
Raconté, tout cela peut sembler niais, simplet. C’est tout simplement parce que Father ne s’écrit pas, les mots font mentir ses personnages et ses décors chargés de symboles. Father se voit et s’écoute. Seul regret, la barque qui ouvre et clôt le film. On comprend immédiatement la métaphore peu subtile, "tous dans la même barque", l’union fait la force, nous portons tous en nous une histoire semblable. De Father, nous ne devrions retenir que le cœur du film, ses cinq lettres au père, jamais envoyées, jamais reçues.
(1) Ivan Bogdanov, Moritz Mayerhofer, Asparuh Petrov, Veljko Popovic, Rositsa Raleva, Dmitry Yagodin – 2012.
Clermont-Ferrand : Jour 2