Clermont Ferrand : Jour 2

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Journée de pluie fine et froide sur les trottoirs de Clermont Ferrand…

Tandis que les premiers festivaliers arrivent, l’eau s’accumule dans nos chaussures. A défaut de notre ami le parapluie (perdu), quel meilleur remède contre le rhume que le succulent smoothie au kiwi qui nous surprend au coin de la rue…

Départ de l’affichage sauvage dans la Maison de la culture…


Le court du jour

Premier jour de projection en salles à Clermont-Ferrand, et notre choix se porte irrésistiblement vers le court métrage Belly (Ventre) de Julia Pott (Royaume-Uni – 2011 – Animation – 7′). Cette petite perle de l’infaillible Royal College of Art nous emporte dès les premières images par le goût prononcé de surréalisme qui se dégage du dessin.

Des animaux biscornus évoluent dans un décor minimal où la mer, représentée par un très beau mélange d’images réelles et de gribouillis en guise de vagues et courants marins, occupe une place centrale. Il s’agit dans Belly de raconter avec un humour violent l’étrange passage de l’enfance à l’âge adulte du petit Oscar, mi-éléphanteau, mi-homme.

A travers des corps qui se moulent et démoulent avec une remarquable aisance (quelle meilleur façon pour Oscar de descendre du dos de son compagnon d’enfance qu’en le traversant de haut en bas dans une glissade anatomique surprenante), nous vivons aux côtés du petit héros l’inquiétante étrangeté du monde qui l’entoure, du monde qui est en lui. Le dessin s’accompagne d’une bande son où les voix humaines des personnages nous captivent par leur justesse et pureté, grâce tout particulièrement à un enregistrement et un mixage irréprochables.

Quelques extraits de Belly sont disponibles sur le site web de Julia Pott :
http://www.juliapott.com/1552515/Belly

Court entretien avec… Christian GUINOT*

1. Quel court métrage vous a donné envie de travailler dans ce domaine ?

Paradoxalement, on peut dire que j’ai « travaillé » (bénévolement) pour le Festival avant de connaître le court métrage. On peut même dire que c’est le Festival qui me l’a fait découvrir !

Explication : en 1979, j’étais animateur au sein du Cercle Cinématographique Universitaire de Clermont-Ferrand, où 3 collègues ont organisé la première Semaine du court métrage. J’ai alors découvert tout un pan de la création cinématographique dont j’ignorais tout.

Après 2 autres Semaines, le Festival est vraiment né en 1982. De ces premières années, me reviennent des films que je n’ai, pour la plupart, pas revus mais qui gardent la force des premiers souvenirs : Dégustation maison de Sophie Tatischeff, Les aventures de Bernadette Soubirous de David McNeil, Nuit féline de Gérard Marx, Super-mouche de Paul Dopff, Meshes of the afternoon de Maya Deren, Napoléon l’aveugle de Jean-Paul Dekiss, La tendresse du maudit de Jean-Manuel Costa, Subtil concept de Gérard Krawcyk, les films de Paul Driessen et Raoul Servais, Entracte de René Clair, Un chien andalou de Buñuel et Dali…

Hors de ce contexte, je pense que l’un des premiers courts métrages que j’ai vu est La Jetée de Chris Marker.

2. Quand avez-vous vu La Jetée pour la première fois ?

Ce devait être dans un ciné-club des années 70 (mouvement dont il était l’un des grands classiques). Celui-là, je l’ai revu souvent, avec toujours le même plaisir, l’impression de me trouver face à un film unique, follement original, inégalé dans son style d’où naît une émotion profonde. Intact après 50 ans. Je le reverrai.

3. Quelle est l’instant, dans votre activité actuelle, où vous ressentez le même effet, le même plaisir que la première fois où vous avez vu ces courts métrages ?

Je ne peux que souscrire à la réponse de Laurent Crouzeix et ne pourrai pas dire mieux ! (cf. entretien publié dans la chronique précédente)

J’ajouterai simplement que le plaisir et l’espoir d’une belle découverte sont encore là lorsque j’ouvre un fichier sur mon ordinateur ou que j’introduis un DVD dans mon lecteur (après les visionnements de VHS et, avant, de copies 16 et 35mm), malgré l’augmentation incroyable du nombre de films et la surcharge de travail que cela représente.

Liens disponibles vers quelques uns des courts métrages cités :

MESHES OF THE AFTERNOON de Maya Deren (1943 – 14′)
http://www.youtube.com/watch?v=4S03Aw5HULU

LA TENDRESSE DU MAUDIT de Jean-Manuel Costa (France – 1981 – 9’40 »)
http://www.dailymotion.com/video/xdb5v9_la-tendresse-du-maudit-jean-manuel_creation

SUBTIL CONCEPT de Gérard Krawcyk (France – 1980 – 20′)
http://www.frstreaming.eu/telecharger-hd/the-subtil-concept-1980-streaming-film.html

ENTRACTE de René Clair (France – 1924 – 18’50 »)
http://www.youtube.com/watch?v=UnXdYxvBHf8

UN CHIEN ANDALOU de Buñuel et Dali… (France – 1929 – 16′)
http://www.youtube.com/watch?v=L9zhKuV86NA&feature=related

LA JETÉE de Chris Marker. (France – 1962 – 26′)
http://www.dailymotion.com/video/xz5cs_la-jetee-1962_creation


*Membre du comité de sélection internationale du Festival du Court métrage de Clermont Ferrand

Clermont Ferrand : Jour 1


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