Chéries Chéris… et +++ s’il le faut…

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Coup de coeur cinématographique du Quinzième festival du film Gay, Lesbien, Trans et +++ de Paris (FFGLP), tenu du 16 au 22 novembre 2009 : Mourir comme un homme, de Joao Pedro Rodrigues.

Festival du Film Gay, Lesbien, Trans et +++ de Paris…

Le Forum des Images s’est fait l’écrin du FFGLP pour sa quinzième édition baptisée cette année « Chéries Chéris ». Ce festival, comme à son habitude, a présenté une programmation orientée vers les productions traitant des sujets gays, lesbiens, trans ou +++, parlant de divers sujets, passant par le documentaire, les courts métrages, les longs métrages, les rencontres et débats. Il a cette année enrichi sa programmation par sa volonté éclectique, retraçant aussi bien les 20 ans d’Act Up que ceux de la chute du mur de Berlin, ainsi que les 30 ans de Stonewall, avec une réelle volonté de questionner le cinéma face à ces dates.

Le FFGLP a surtout offert de beaux moments de cinéma durant cette édition 2009, tels que I Love You Phillip Morris, avec Jim Carrey et Ewan Mc Greggor ou Nuit d’ivresse printanière, primé à Cannes. Mais c’est le film de João Pedro Rodrigues, Mourir comme un homme, qui offrit avec le plus de justesse et de sensibilité la vision cinématographique d’une réalité douloureuse.


Mourir comme un homme de João Pedro Rodrigues

Le troisième film du réalisateur João Pedro Rodrigues marque un tournant dans son œuvre cinématographique. Il dit avoir pensé son nouveau film, Mourir comme un homme, comme un « film de guerre ». Débutant certes comme tel, il serait cependant plus juste de le penser comme un film d’après guerre. João Pedro Rodrigues donne à voir la fin d’une femme qui redevient homme. Le cinéaste englobe son film dans l’idée très humaine de la peur, peur de vieillir, peur de mourir, peur être seul(e), peur de redevenir homme, tirant sa fiction des gens qu’il a connus dans les années 80, à Lisbonne. Comme une idée de tragédie, Mourir comme un homme parle avant tout de solitude : « Tous mes films parlent de gens qui tentent de se débrouiller avec leur solitude ».  La solitude est certainement la plus belle ancre dans le réel à laquelle le cinéaste s’agrippe pour mieux partir.

João Pedro Rodrigues dote son film d’un vrai propos cinématographique. L’image en format carré renvoie à la volonté de ne pas faire un film spectaculaire. Une idée d’enfermement vient emprisonner les personnages dans ce huit clos, une sublime mise en abyme de la boîte dernière, de la mort. Pour le cinéaste, sa fin est un peu jubilatoire malgré la présence de la mort. Il conviendrait même de dire qu’elle est libératrice.

Mourir comme un homme
est comme une ode à la vie, un véritable écrin renfermant précieusement un secret. Il faut surtout admettre que ce nouveau film de l’auteur d’O Fantasma détrône par sa sensibilité, son propos, sa qualité d’image et ses dialogues les films du grand Pedro Almodovar portant sur les mêmes thèmes.

Pour finir, il semblerait que João Pedro Rodrigues ait envie d’aller vers le genre de la comédie, qui lui semble le plus difficile à aborder. Espérons qu’il lui reste encore à faire beaucoup de chasse aux dahus, comme celle à laquelle participent les personnages de Mourir comme un homme.


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