Quel plaisir d’enfiler son badge, précieux sésame vers les vertiges cinématographiques de nos amis « réalisateurs du monde entier ». Quelle émotion de retrouver tous ses amis (oui, car à Cannes, pendant une dizaine de jours, nous sommes tous amis). Sans oublier le champagne, les petits fours, les effluves de langues étrangères, les choix cornéliens (« si je vais à la projection de 22h, je rate la soirée où pourrait apparaitre Mélanie Laurent. »), les fringales pendant les films de plus de deux heures alors que le personnage principal d’un film roumain ou thaïlandais s’empiffre de gâteaux, les plans foireux et les bonnes surprises.
Mais Cannes, c’est avant tout de la gourmandise, l’envie de voir tous les films. En comptant toutes les sélections, ce sont plus d’une centaine de films potentiellement intéressants qui nous sont proposés. Une proposition indécente car on ne pourra malheureusement pas tout voir. Alors on court. On enjambe les agents de sécurité pour ne pas rater la moindre occasion de découvrir un nouvel univers. On esquive les dossiers de presse, voire même le nom du réalisateur (« j’ai pas le teeeemps, poussez-vous ! ») et on s’engouffre dans la salle de projection en attente de la petite musique d’introduction cannoise, dont sont gratifiés les films sélectionnés.
© Lætitia Lopez
Malgré la mauvaise réputation de la Sélection officielle de l’an passé, le palmé Oncle Boonmee m’avait merveilleusement baladé dans la jungle, éveillant chez moi une passion inattendue pour les buffles et les fantômes aux yeux rouges. Cette année, de l’avis de tous, la sélection apparaît comme plus excitante. On verra. Quoiqu’entre le Habemus Papam de Nanni Moretti et son pape en crise de foi, The Tree of Life, un évènement en soi puisque réalisé par Terrence Malick et les films de Kaurismaki, Almodovar, Miike, Sorrentino, Von Trier et les frères Dardenne, elle s’annonce effectivement puissante et déjà passionnante. Plus sexy aussi avec L’Apollonide de Bertrand Bonnello, La Source des Femmes et Sleeping Beauty, qui promettent une certaine moiteur.
Les films de la sélection Un certain regard que j’ai vus en 2010 dans les différentes salles du Palais des Festivals m’ont convaincu de m’intéresser sérieusement cette fois encore à cette compétition « non officielle ». Entre les films plus attendus de Gus Van Sant, Robert Guédiguian et le nouveau du lauréat de l’an passé, Hong Sangsoo, gageons que quelques petites pépites s’y cachent cette année encore. Qu’ils soient russes, libanais, mexicains, norvégiens ou iraniens, les films de cette catégorie ont souvent l’art de provoquer cette envie aventureuse d’emmagasiner des heures et des kilomètres de sous-titres.
En attendant la cérémonie d’ouverture présentée par qui-vous-savez (indice : une chanteuse…) et les premières tendances et rumeurs (« Il parait que De Niro a mangé des frites au déjeuner, ça sent la troisième palme pour les frères Dardenne… »), j’ai la chance et l’honneur de pouvoir vous annoncer que je suis à Cannes et que tout va bien !
Retrouvez ici le premier article de notre couverture du festival.