Ce happy end, le plus ésotérique et niais qu’on a vu depuis longtemps écrase l’entièreté du film par sa prévoyance. La réunion d’un père et de sa petite fille, unis avec tant de force dans la vie que la mort ne fera pas le poids (sic). Le film n’a que cela à raconter. L’amour filial, incarné avec pas mal de retenue par Tim Roth, est presque justifié, scène après scène, comme une valeur refuge face aux déchaînements d’un voisinage un peu excessif.
Dans le désordre, deux fausses accusations de meurtres, trois passages à tabac, une fausse couche puis une mort et enfin un double assassinat, tout cela en 90 minutes, en l’espace d’un quartier. L’outrance du drame n’est même pas volontaire, il s’agit au contraire d’éprouver l’innocence de l’enfant, de lui montrer combien la vie est cruelle, la tragédie ordre du quotidien. Rien que ça.
Le film se laisse pourtant voir, déroulant son programme lourdingue, habité comme souvent dans le cinéma britanniques de bons acteurs. Ici, on notera en plus des fioritures de filmage du plus mauvais effet, les tentatives de poésie du quotidien de la jeune fille par des vignettes brouillées et nostalgiques. Broken se laisse regarder comme une mauvaise sitcom, où l’on attend en ricanant les prochains rebondissements ou effets devinés d’avance, désolé par l’absence de toute identité, de toute tentative de faire autre chose qu’un catalogue pour théâtre filmé un peu daté, tire-larmes du mois d’août.