Est-ce le réchauffement climatique offrant des terres arides et étouffantes qui a permis au genre western de redevenir à la mode ? Après True Grit et avant Coyboys & envahisseurs, voilà Blackthorn nous baladant à cheval à travers les plus beaux déserts de Bolivie en compagnie d’un personnage énigmatique et vieillissant. Utilisant un nom d’emprunt car en cavale permanente, l’ancien bandit Butch Cassidy s’est retranché dans un petit paradis naturel bolivien, roucoulant avec une jolie autochtone et préférant désormais qu’on l’appelle James. James Blackthorn est en fait Butch Cassidy (vous ne l’aviez pas vu venir celle-là…) et il a arrêté les bêtises.
Sauf que Blackthorn a un fils qu’il n’a jamais connu, laissé derrière lui en Amérique, qu’il désire voir en chair et en os avant de mourir. Il prend donc son cheval et son couteau, un peu d’argent et arpente les paysages majestueux mais rugueux de Bolivie pour le retrouver. Il croise la route d’un jeune espagnol impétueux poursuivi par des hordes de méchants voyous à qui il a subtilisé une importante somme d’argent. Par un concours de circonstance, Blackthorn perd ses économies et se met en route avec son nouvel ami non désiré pour retrouver ce fameux butin. Le film tourne autour de cette opposition entre le vieux gangster et le voleur moderne. Blackthorn trouvera dans cette relation imposée un fils de substitution et son ancien camarade Sundance kid à la fois, faisant resurgir les regrets et les blessures qui l’ont rongé pendant toutes ces années de retraite forcée. Le film questionne aussi les conséquences d’un tel destin à travers la solitude forcée et la confiance optimiste et aveugle que l’on peut dicerner dans un utlime geste d’espoir. Malheureusement, toutes ces réflexions ainsi que la psychologie du personnage principal sont tellement effleurées que le film exerce surtout un ennui surprenant que seule une révélation bien pensée aide à combler. Le personnage principal est sans cesse dans l’économie de mots et l’introspection sans pourtant montrer une quelconque évolution, nous questionnant sans cesse sur la nécessité d’un tel voyage. Les acteurs sont justes sans jamais être transcendants, l’image et les paysages sont magnifiques mais ils ne peuvent pas à eux seuls remplacer un scénario et une histoire bien trop légers ainsi que des flashbacks bâclés et peu efficaces. Blackthorn est un beau désert contenant de beaux déserts.
Et pourtant, Mateo Gil est avant tout un scénariste (Mar Adentro, Vanilla Sky) , il est donc étonnant de constater que les qualités de ce film résident avant tout dans sa réalisation. Il réussit à sublimer des décors déjà magiques et par une mise en scène sobre et contemplative à accrocher le spectateur malgré un manque cruel d’action et de situations intéressantes. A l’image de ce « cheval trip » annoncé entre la Bolivie et les Etats-Unis qui s’arrête juste à la frontière de la Bolivie, Blackthorn semble inabouti et une honorable déception qui avait pourtant tout pour être un grand western ne lui manquant qu’un peu plus de profondeur.