Bientôt les jours heureux

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Scénario alambiqué mais poussif sur des histoires emmêlées qu´on a bien du mal à suivre. Qui a vu le loup ?

Film en forme de conte

En sélection de la Semaine de la Critique l’année dernière à Cannes, ce quatrième long métrage d’Alessandro Comodin n’a pourtant rien de bien attrayant, sauf peut-être la photo de Tristan Bordmann. On s’ennuie ferme à ce film présenté comme un conte et qui part, peu à peu, dans tous les sens si bien que plus personne ne se retrouve dans ce scénario prétentieux et bâclé pour lequel Alessandro Comodin s’est pourtant adjoint les services de Milena Magnani. Il n’est jamais agréable d’avoir à écrire des choses pas très sympathiques sur un film, surtout quand on connaît tout le travail que cela demande à tous les niveaux. Cependant, il faut bien le reconnaître, Bientôt les jours heureux n’est pas une réussite et la promesse du bonheur restera, au moins du point de vue cinéphilique, lettre morte.

Deux jeunes évadés

Venons-en aux faits. Le film commence par l’évasion de deux jeunes gens qui courent pendant presque cinq minutes, à perdre haleine, dans une sombre forêt. On n’y voit goutte, mais soit, attendons sagement la suite. Les voici dans une clairière. L’un d’eux mange un cèpe cru, l’autre explore une grotte et la métaphore psychanalytique ne vous aura bien sûr pas échappé. Puis, les voici qui prennent un bain, même pas tout nus, avec d’affreux caleçons. On ne sait toujours rien d’eux, rien non plus sur l’époque. Ils finissent par trouver de quoi manger dans une maison abandonnée ainsi qu’un fusil qu’ils se disputent. C’est malin car la cartouche qu’ils tirent en l’air les fera repérer par deux hommes armés qui les abattront. Fin de la première partie.
 


Des histoires de loup

Ensuite, le film part « en live », se situant apparemment de nos jours. Des hommes racontent des contes sur les loups, ou les inventent. On commence par s’en ficher un peu. Une fille, Ariane (attention, allusion très fine au fil pour sortir du labyrinthe, on va en avoir besoin !) interprétée par Sabrina Seveycou, qui fait ce qu’elle peut, part seule dans la forêt à la recherche du loup qui infeste la forêt. On entend parfois les hurlements du loup comme dans un mauvais film gore. Elle s’égare et tombe sur l’un des deux garçons ressucité (ou qui a fait semblant d’être mort ?), lequel on n’en sait rien, car il ne nous a pas été présenté, mais c’est le joli blondinet. Voilà qu’il a une histoire avec Ariane trempant dans une eau boueuse de cure thermale, tandis que les habitants du village la recherchent et finissent par la trouver dans une sorte de tombe. Fin de la deuxième partie, mais on a omis quelques détails volontairement bien sûr.

Hommage aux disparus

On retrouve le jeune blondinet en prison. Il est devenu mutique et semble être le chouchou de certains vieux détenus qui lui offrent des cigarettes. On ne saura même pas s’il est devenu leur giton, dommage. Le film se termine par un long plan lorsqu’un gardien le conduit au parloir où Ariane l’attend derrière la grille et ils se baisent les mains.

Une fin sibylline

Dans sa note d’intention, le réalisateur s’embourbe dans une explication quelque peu surréaliste. Il a voulu, avec ce film, rendre hommage à l’ami de son grand-père, Dino, qui avait été porté disparu lors de la Deuxième Guerre mondiale mais qui avait traversé toute l’ex-URSS en se dirigeant vers le Sud et a fini par arriver trois ans après dans son village. Son père en est mort quelques jours après. Ce serait une belle histoire, si elle était traitée sobrement. Pourquoi Alessandro Comodin est-il parti dans ce délire ? Il paraît qu’il nous donne les clés dans le dernier paragraphe de sa note : « En développant l’histoire de Dino, I tempi felici verranno presto décrit la rencontre de deux êtres qui, chacun à sa manière, ont quelque chose d’exceptionnel. Des individus apparemment sans histoire, dont les actions n’ont à première vue rien d’extraordinaire et qui, par leur simplicité et leur « pureté » mêmes, deviennent héroïques. » Comprenne qui pourra, mais peut-être faut-il voir le film deux fois si vous en avez le courage ?

Titre original : I tempi felici verranno presto

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Durée : 100 mn


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