Anna M.

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Anna M. plonge très rapidement le spectateur, tout comme son personnage, au coeur du tourbillon de la folie dont aucun ne sortira totalement indemne. Sorte de thriller psychologique, Michel Spinosa en manie les éléments à merveille, nous introduisant ainsi dans un monde où l´autodestruction guide les pas d´Anna et les nôtres. Anna (interprétée par une […]

Anna M. plonge très rapidement le spectateur, tout comme son personnage, au coeur du tourbillon de la folie dont aucun ne sortira totalement indemne. Sorte de thriller psychologique, Michel Spinosa en manie les éléments à merveille, nous introduisant ainsi dans un monde où l´autodestruction guide les pas d´Anna et les nôtres.

Anna (interprétée par une Isabelle Carré parfois méconnaissable) est restauratrice de livres anciens à la Bibliothèque Nationale de France. Entourée de peu de gens, elle vit chez sa mère et ne cultive guère l´amitié, encore moins le sentiment amoureux. Ses côtés enfantins, enfermés dans le corps d´une femme, lui donnent cet aspect naïf et crédule qui l´entraîne sur la pente effrayante de la << perversion >>.
Une véritable maladie sommeille en elle et se réveillera grâce à (ou plutôt à cause de) un simple << il faut qu´on se revoie >> venu de son médecin qui la << réveille >> suite à une tentative de suicide. Cette maladie, l´érotomanie, l´emportera aux confins de la folie, à la limite de la destruction.

Persuadée d´aimer et d´être aimée en retour, Anna sombre, se fait des films, s´imagine une vie. Une vie rêvée dans laquelle André Zanevsky (son médecin) lui a promis tant de choses. Elle ne vit plus que pour cet homme et pense que tout tourne autour de leur histoire d´amour, inexistante. Anna évolue dans la projection de son rêve qu´elle vit toute éveillée. Elle crée, invente un autre monde dans lequel elle se retrouve enfermée, au sens propre comme au figuré. Et lorsqu´elle découvre que l´être aimé a une autre vie, une autre femme, son univers entier s´écroule.

Son obsession pour André Zanevsky (le rôle que tient Gilbert Melki a quelques similitudes avec celui qu´il jouait dans Très bien merci) l´attire inévitablement vers la destruction, la sienne bien sûr, mais aussi celle de ceux qui l´entourent (peu nombreux) et de celui qu´elle aime. Cependant, Michel Spinosa prend le parti, et c´est tout à son honneur, de nous donner le seul point de vue d´Anna et non celui du couple persécuté. L´histoire nous est alors contée à travers la folie d´Anna et nous permet de pénétrer dans le récit avec sa vision sans pour autant s´identifier au personnage d´Anna avec lequel le spectateur réussit à garder une distance. Le réalisateur ne cherche pas à ce que ce dernier s´identifie à Anna ; il souhaite seulement que le récit soit perçu à travers son regard, nuance.

Michel Spinosa traduit parfaitement cette folie à l´écran, portée, bien évidemment, par une Isabelle Carré au visage déformé par la solitude et la douleur d´aimer seule. Le rêve et la réalité ne font parfois plus qu´un, comme dans l´esprit d´Anna. La musique, très importante dans le film, contribue à créer cet univers sombre, angoissant et effrayant dans lequel Anna se perd peu à peu.
Son évolution tout au long du récit se retrouve dans les intertitres qui le ponctuent : << illumination >>, << espoir >>, << dépit >>, << haine >>, << trois mois plus tard >> et enfin << le refuge >>. Ce dernier titre suggère un retour à la vie, une sorte de renaissance, de reconstruction. Du moins, cela le laisse supposer. Mais est-ce vraiment la réalité ? Anna s´imagine-t-elle encore dans un monde où André serait sien ? Folie, esprit sain, où s´inscrit la limite ?

Titre original : Anna M.

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Durée : 107 mn


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