Anaïs, 2 chapitres

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2 chapitres en asymétrie

En 2012, Marion Gervais réalise un premier court-métrage documentaire intitulé Anaïs s’en va à la guerre, racontant l’histoire d’une jeune femme au caractère bien trempé qui se lance seule dans l’agriculture. Dix ans plus tard, la réalisatrice retrouve Anaïs et tourne un deuxième court-métrage, Anaïs s’en va aimer. Dans ce dernier volet, la protagoniste désormais mariée à Seydou, un jeune Sénégalais, doit affronter des complications administratives en France. La productrice de ces deux films propose à sa réalisatrice de les visionner consécutivement et séduite par l’idée de retracer dix ans de la vie d’Anaïs en 1h44, Marion Gervais décide de les réunir en un long-métrage divisé en deux chapitres. Cette imbrication qui n’a alors pas été pensée à l’origine du projet se fait ressentir par une impression de déséquilibre entre ses deux parties et cela, notamment en raison d’une densité narrative inégale. 

À la manière de la série des livres Martine, on suit dans le premier chapitre les aventures d’Anaïs, notre protagoniste éponyme, ainsi que ses rencontres avec d’autres personnages secondaires tels que le professeur, les Parisiens ou encore l’agriculteur. Cependant, contrairement à Martine, Anaïs n’évolue pas dans un monde parfait fait de couleurs pastel mais doit faire face à la dure réalité du milieu agricole marqué par la misogynie et des difficultés économiques. On découvre ainsi une personnalité inspirante, prônant un mode de vie alternatif, fait d’autosuffisance et de simplicité. La caméra s’attache d’ailleurs à montrer ce rapport primitif de l’être humain à la terre en filmant de près les mains terreuses et abîmées de la jeune femme au travail. De ce premier chapitre, on retient un récit dense, entrant parfois en résonance avec le personnage de Mona de Sans toit ni loi (1985), où l’intrépide Anaïs se bat pour faire ce qu’elle aime, être libre et quoi que cela lui en coûte. 

Le deuxième chapitre quant à lui se concentre davantage sur l’identité du couple franco-sénégalais formé par Anaïs et Seydou, perdant ainsi l’effervescence qui caractérisait le premier chapitre, lequel se focalisait exclusivement sur la personnalité d’Anaïs. Si l’idée de suivre pendant dix ans le fil de la vie d’Anaïs était séduisante, cette dernière partie propose une toute autre histoire moins aboutie que le premier chapitre. En effet, en choisissant de traiter comme sujet le couple et sa double nationalité, le portrait intime d’Anaïs se transforme en regard posé sur une multitude de problématiques (loi des frontières, montée de l’extrême droite en France, racisme, mal du pays…) dans lesquelles le film s’éparpille, sans réussir à les traiter véritablement.

On peut supposer que la décision de regrouper les deux courts-métrages – suggérée par la productrice – a été prise dans l’optique d’une stratégie de distribution, permettant ainsi au film de sortir en salles et de toucher un public plus large. Anaïs s’en va à la guerre (2012) avait déjà rencontré un succès notable avec près d’un million de visionnages sur internet. Ainsi, on peut comprendre que le projet cherche à retrouver une audience au cinéma. Rappelons que les courts-métrages étant rarement projetés en salles de nos jours, il est courant de les regrouper pour leur diffusion, comme cela avait été le cas l’an dernier avec L’Expérience Almodóvar, réunissant deux courts-métrages du cinéaste espagnol. Cependant, ici, l’unification des deux films en un qui avait pour objectif de former un diptyque aboutit à un résultat final déséquilibré. 

Titre original : Anaïs, 2 chapitres

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Durée : 104 mn


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