34e Festival Anima de Bruxelles

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Animaction !

Du 13 au 22 février, la capitale de l’Europe devient aussi celle du cinéma d’animation. C’est en effet à Bruxelles que viendront, d’ici quelques jours, se rencontrer professionnels et amateurs du genre, curieux et autres bambins surexcités. Le Festival Anima, comme à son habitude, prend place durant les vacances scolaires, permettant aux plus jeunes de constituer le public animé de cet évènement mettant en place tout un tas d’activités et de projections destinées à toutes les tranches d’âge. En rassemblant ainsi tous les publics, intergénérationnels mais aussi internationaux, le festival fait de la diversité son cheval de bataille, et permet de pointer du doigt certaines productions étrangères dont la diffusion et l’accessibilité ne sont pas si évidentes. Le festival est aussi là pour, sinon donner vie, au moins donner un grand coup de fouet aux films méritant de circuler.

C’est ainsi que, cette année, Anima a choisi de mettre à l’honneur deux pays, les Pays-Bas et la Lettonie, à travers des longs et des courts métrages, mais aussi des rencontres. Une conférence organisée dans le cadre des activités de Futuranima, permettant des rencontres entre le public et les professionnels de l’animation, fera ainsi office de véritable panorama rendant compte des différentes formations néerlandaises en animation, et sera accompagnée de la projection de « Dutch Delights », programme composé par le festival amstellodamois KLIK !, constitué d’une dizaine de courts métrages récents, qui permettra de découvrir la ravissante patte hollandaise, singulière et méconnue dans ce monde si vaste du cinéma d’animation. Ce sera également le cas pour la Lettonie, à travers plusieurs programmations alléchantes, dont « New Sounds of Latvia », série de cinq réalisations représentatives du style épuré letton. Nous avons également hâte de découvrir les films de Signe Baumane, réalisatrice lettone indépendante, mise à l’honneur à Anima cette année à travers sa série de courts métrages aux thèmes intimistes, ainsi que son long métrage Rocks in My Pockets (2014), que nous ne raterons sous aucun prétexte. Ce dernier fera partie intégrante de la compétition internationale, qui comprend elle-même dix longs métrages.

  

Manieggs – Revenge of the Hard Egg (Zoltán Miklósy, 2014)
 

Parmi eux, des films français, luxembourgeois, coréen, japonais, tchèque, hongrois, espagnol ou encore brésilien, consolidant ainsi la réputation internationale et assurée du festival. Il y en aura, comme toujours, pour tous les goûts, allant du film d’aventure ayant recours à la motion capture (108 Rois-Démons – Pascal Morelli, 2014) au thriller coréen (The Fake – Sang-ho Yeon, 2013), en passant par le récit historique d’une petite île japonaise annexée en 1945 par l’Union Soviétique (L’Île de Giovanni – Mizuho Nishikubo, 2013) et le cartoon où Histoire tchèque et parodie se mêleront (Husiti – Pavel Koutský, 2013). Également, des films inclassables dont les synopsis improbables ne laissent présager que de bonnes surprises, à l’instar de Manieggs – Revenge of the Hard Egg (Zoltan Miklósy – 2014), film sarcastique mêlant courses-poursuites, combats illégaux et braquage de banque, ou The Satellite Girl and Milk Cow (Hyung-yun Chang, 2014), qui fait s’animer ensemble un satellite, une vache laitière, un incinérateur et un rouleau de papier toilette. Même le plus déluré des films de Bill Plympton semble sage et paisible à côté de tout cela.

La programmation hors compétition est tout aussi alléchante et nous attendons avec impatience la projection du documentaire The Kingdom of Dreams and Madness (Mami Sunada, 2013), qui entre en immersion dans les coulisses du studio Ghibli au travers de trois de ses grands hommes : Hayao Miyazaki, Toshio Suzuki et Isao Takahata. Le film constitue un témoignage incontournable, un véritable document, une manière d’approcher la légende. Quant aux courts métrages, ils seront nombreux, et le format se verra même consacré par la célèbre et croustillante Nuit Animée, toujours très prisée.

Dix jours intenses, donc, et un programme bien rempli, dont on peut trouver les lignes directrices sur le site officiel du festival.


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