3/9 – Il était une fois Clermont…

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A chaque nouvelle séance, une nouvelle file d´attente. Les spectateurs surmontent cette fatalité avec une patience stoïque, certains avec plus d’aisance que d´autres grâce à une remarquable expérience en festivals…

Interview de Claire Margolinas, spectatrice clermontoise depuis 17 ans.

Quelle place occupe pour vous le court métrage par rapport au long métrage?

J’aime les courts très courts car quand ce n’est pas bon, cela permet de passer très vite au suivant. Quinze minutes, je trouve ça déjà trop long. J’aime aussi la contrainte de format à une durée, à une esthétique, ou à une histoire courte un peu comme dans une nouvelle. Souvent le court métrage est structuré sur un modèle classique de long métrage sans en avoir les moyens : « un court long » qui n’a pas les sous. Le court métrage est aussi un moyen de se faire connaître et de découvrir de jeunes auteurs.

Pensez-vous qu’il y ait eu des changements dans le court métrage au cours de ces trente dernières années ?

Non, pas dans ceux que je vais voir. Bien sûr, le court métrage fixe à un moment T la situation d’un pays ou d’une époque, c’est pourquoi la section internationale m’intéresse toujours mais chaque année est sans cesse un renouvellement. En tant que spectatrice, je voyais déjà des films modernes à l’époque dans les sections expérimentales aussi bien sur le fond que sur la forme mais c’est vrai que nous ne voyons pas trop la différence. Certes la technique a dû évoluer et l’accès se démocratiser mais ce qui compte pour nous c’est le résultat sur l’écran.


Court du jour d’Amiel…

Elles nous environnent, nous les côtoyons tous les jours, elles sont là, partout, intégrées, assimilées comme parties intégrantes de notre champ visuel et de l’inconscient collectif, nous les connaissons par cœur et pourtant, une partie d’entre nous en fait abstraction… L’aurez-vous deviner ? Je vous parle ici des marques et de leurs logos.

Chaque élément de la vie perçu comme objet de consommation est souvent immédiatement relié à une marque de prédilection dont le logo se fera à la fois emblème et synthèse.

Cet univers codifié, graphique par excellence, ne pouvait laisser éternellement passifs leurs propres créateurs. C’est ainsi que le collectif H5 (Collectif de graphistes français expatriés aux Etats-Unis composé de François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain) nous propose une visite dans leur monde, un univers composé uniquement de marques et de logos.

Des bâtiments aux véhicules, des personnages aux objets les plus courants, de la topographie à l’univers, tout est passé au crible du symbole consumériste identitaire. Plus de cinq ans de travail, plus de 20 000 logos ou marques répertoriés, le collectif nous ouvre la porte sur le plus grand écran publicitaire jamais imaginé au monde.

Pour autant, l’ampleur du projet ne peut se résumer qu’à cette brillante idée visuelle qui nous rappelle combien notre inconscient est endoctriné. Dénoncer cet univers à leur manière n’est cependant pas l’intention première de ces graphistes. En tant que créateurs et consommateurs de ces surfaces, ils préfèrent en détourner l’usage en les tournant en dérision. Rien de tel qu’un bon archétype de fiction (la course poursuite et le film d’action à l’américaine) comme espace référentiel pour mettre en place leur grand jeu destructeur au cœur du symbole du rêve américain : Hollywood.

Ainsi, les galeries de personnages se font dresser un portrait au vitriol : Ronald Mc Donald devient le grand méchant terroriste qui meurt écrasé sous un bâtiment Weight Watchers, les bonshommes Michelin des flics cowboys bien réac’, les gosses des bonbons Haribo des Beavis and Butt’head en puissance, Monsieur Propre un homosexuel refoulé et le Géant vert un gardien de zoo au penchant pédophile…

Tout y passe, nos vilains garnements graphistes piochent dans ce grand bestiaire pour composer un univers graphique cohérent ou chaque élément est détourné, grossi, et renversé pour tout détruire à la fin comme dans un grand jeu de quilles. Toute la quintessence et l’ambivalence du métier de graphiste résident dans cette œuvre : à la fois geeks restés coincés dans un espace référentiel, nourris aux images et à la haute technologie aux penchants ironiques et anarchistes, et travailleurs pour la grande machine consumériste capitaliste, nous prenons tout comme eux un malin plaisir à voir ce monde s’effondrer sous des nappes de pétrole suite au tremblement de terre qui inonde la ville. Sur ce, je vous laisse méditer le mot de la fin, « It was fun, no ? ».


Le Court du Jour de Ly
dia

On remarque aujourd’hui le court métrage de David OReilly, Please say something (2009), où l’on suit au quotidien l’histoire d’amour tourmentée entre un chat femelle et une souris mâle. Il est un égocentrique écrivain à succès, elle est une compagne attentive et dévouée : tel un bon feuilleton télévisé de l’après-midi avec en complément une bonne dose d’ironie et de satire, leur relation survivra à des hauts pas très hauts et des bas parfois tragiques, car l’amour, comme on le sait bien, a toujours le dernier mot au cinéma…

Jusque-là, rien d’extraordinaire certes, mais ce film retient notre attention à cause de l’utilisation qu’il fait de l’espace représenté. La déconstruction qui se met en place à travers des procédés propres aux logiciels de montage et de correction d’image classiques (fondus enchaînés, perspectives faussées, surimpressions et incrustations de symboles ou de mots à l’image, floutage des contours d’objets, couleurs mises en avant), permet de faire passer des structures narratives précises qui font avancer l’intrigue avec fluidité, tout en laissant les sentiments des personnages s’exprimer au fur et à mesure. Cela nous rappelle les outils narratifs de la bande dessinée, auxquels s’ajoute une image en mouvement qui accorde une dimension supplémentaire au récit.

En effet, c’est grâce à l’image animée que l’histoire devient attachante et les personnages vraisemblables. Le spectateur peut alors s’identifier à eux, sans que l’espèce animal et les onomatopées récurrentes de nos héros soient un obstacle infranchissable.

Relire ici l’épisode précédent.


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