Wild

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Après « Dallas Buyers Club », Jean-Marc Vallée tombe dans la ritournelle soporifique. Au programme : voyage mental pleurnicheur et insipide.

À défaut d’avoir un jour formalisé une véritable proposition de cinéma, Jean-Marc Vallée, en bon bricoleur images-sons, avait précédemment brossé quelques jolis portraits, en particulier avec C.R.A.Z.Y. (2006) – merci Bowie, les Pink Floyd et les Stones. Mais trop conscient de ses effets s’agissant de l’articulation du récit et du montage en fonction de la musique, le cinéaste est, depuis, tombé dans la formule. S’il faut bien lui reconnaître un certain talent de conteur Café de Flore (2011) -, sa fâcheuse manie à toujours tout faire tenir grâce à quelques chansons bien senties fatigue. Et si Dallas Buyers Club (2014) s’est en partie affranchi de cette logique, c’était pour mieux chercher le consensus et appliquer cette fameuse recette à oscars où rien ne dépasse, où tout est préfabriqué – environnement un peu trop propice aux performances d’acteurs. Il n’empêche : surnageait encore de cette histoire en forme de bras de fer quelques impertinences de bon aloi. Ce dont est totalement dépourvu Wild.

Pauvre Cheryl ! Se rappelant aux souvenirs douloureux d’une enfance difficile et d’une crise existentielle tenace lui ayant coûté son couple, elle décide de s’embarquer pour un parcours pédestre en solitaire pour s’émanciper du passé. Qu’importent ses chaussures de rando trop étriquées, ces 1 700 kilomètres sur la côte ouest des États-Unis pourraient déboucher sur une rédemption, une transcendance. Le problème, c’est que même accoutrée de son t-shirt Bob Marley, difficile de percevoir un brin d’authenticité chez cette randonneuse en quête d’elle-même. Il faut dire que le gloubi-boulga de Jean-Marc Vallée recycle les composantes habituelles du road-movie cathartique avec apathie, et que rien ne vient jamais vraiment perturber ce récit sans saveur. Les flashbacks larmoyants et la musique, cette fois pas si inspirée, n’arrangent rien à l’affaire. Ni même les actrices Reese Witherspoon et Laura Dern, piégées qu’elles sont dans ce système où tout est joué d’avance. Un comble pour un voyage qui se voulait surtout mental.

Reste néanmoins une certaine rigueur dans la démarche de Jean-Marc Vallée : encore une fois, la relative harmonie de l’ensemble tient à l’écriture musicale, et un canevas pop FM propulsé par le El Condor Pasa de Simon & Garfunkel articule ici époques et tonalités. Mais jamais l’once d’une émotion crédible ne se fait ressentir. Il faudra donc bien plus au cinéaste canadien pour surprendre et espérer un jour compter parmi les vrais faiseurs de mélodrame.

Titre original : Wild

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Durée : 116 mn


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