Welcome to L.A. / Wanda’s Cafe/ Les modernes : trois ressorties DVD ou Blu ray chez BQHL

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Trois plongées dans l’univers d’Alan Rudolph, peintre des illusions au style sophistiqué et vaporeux.

L’œuvre d’Alan Rudolph, une vingtaine de films, semble quelque peu oubliée aujourd’hui. Éclipsée par les auteurs à succès du Nouvel Hollywood,. Rudolph partage pourtant avec l’immense Robert Altman, pour lequel il a été assistant et scénariste, le don de sonder la complexité et l’ambivalence des sentiments, dans des récits chorals malicieusement sibyllins. BQHL nous permet de redécouvrir trois belles illustrations de ce regard troublant.

Welcome to L.A. (1976).

Après plusieurs années passées en Angleterre, le parolier Carol Barber revient aux États-Unis pour l’enregistrement de l’une de ses compositions. Se dégage ici tout l’art d’Alan Rudolph pour repeindre un des cadres idéalisés par le cinéma hollywoodien, les hauteurs de L.A,  en un espace où le temps semble figé dans une sorte de no man’s land. Dandy détaché (Keith Carradine), Carol Barber, erre dans un Los Angeles dévitalisé, multiplie les conquêtes et les désillusions.  Rudolph travaille aussi bien le mythe hollywoodien -la success story du fils prodigue et une partie du show business- dans son happening,  que dans son approche psychologique, en multipliant les portraits désabusés de ces archétypes.  La froideur des personnages, l’absence de pathos, des dialogues acérés en forme de coups de griffes,  l’âme humaine est passé au microscope sans aucune afféterie. Une balade déroutante teintée de blues dans laquelle l’ironie révèle de profondes fêlures.

Wanda’s Cafe (1985)

Après avoir purgé sa peine de de prison pour meurtre, John  Hawkins (Kris Kristofferson), retourne au Wanda’s Cafe, où gravitent des vieilles connaissances ainsi qu’un jeune couple de misfits. De nouveau, Rudolph convoque des schémas et des décorums de la mythologie hollywoodienne pour composer un patchwork de relations humaines déroutant. Un canevas classique de film noir, un flic aux méthodes peu orthodoxes, interprété par le charismatique et ténébreux Kriss Kristofferson vole au secours d’une jeune femme maltraitée par son compagnon. Ce cadre  formaté de par les attendus du récit est dynamité de l’intérieur par l’excentricité de certains personnages. Des voyous « hors-sol » qui auraient eu leur place dans l’univers fantasmagorique de David Lynch. Keith Carradine, en tête, qui se grime et se coiffe en Rock Star déjantée. Rudolph prend plaisir à mélanger les genres, polar, mélo, comédie, et les sources d’inspiration : théâtre, photographie, films rétro, pour ses effets mise en scène.

 

Les Modernes (The Moderns, 1988).

Dans le Paris des années folles, Nick Hart (Keith Carradine), un peintre américain sans réelles ambitions, retrouve son ancienne compagne, Rachel ( Lida Fiorentino), à présent mariée à un riche homme d’affaires, collectionneur d’art par simple vanité. Plus encore que dans les deux précédents titres, le cadre : contexte historique et topographique, prend des apparences irréalistes et fantasmatiques. Dans ce grand théâtre des jalousies, des rancœurs et des apparences, le metteur en scène réunit à nouveau le cœur de sa troupe.  Keith Carradine, ici sous les traits d’un personnage Fitzgeraldien tourmenté, qu’un Tyrone Power ou un Gary Cooper aurait pu endosser, Et les autres fidèles de Rudolph,  les ambivalentes, mystérieuses  Géraldine Chaplin et Geneviève Bujold. Film langoureux qui prend cependant un peu trop son temps par moments.  Portrait réflexif agrémenter d’un salutaire  second degré, Les Modernes œuvre la plus baroque des trois Alan Rudolph réédités en mai par BQHL

Titre original : Welcome to L.A./Wanda's Cafe/The Moderns

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