We are soldiers

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Une femme filme trois soldats blessés et c’est magnifique.

Des histoires passionnantes

Lorsque que la Russie envahit la Crimée en 2014, l’Ukraine est prise par surprise. En majorité volontaires, beaucoup de soldats mal préparés reviennent mutilés du front. Svitlana Smirnova, comédienne ukrainienne et réalisatrice de ce film, confie au dossier de presse du film : « Les hôpitaux ont été submergés, les médecins et les infirmières étaient débordés. Comme j’ai une formation de kiné, j’ai pensé que je pouvais apporter mon aide en faisant des massages pour soulager certains blessés. À leur contact, j’ai découvert de nombreuses histoires passionnantes, et j’ai pensé qu’il était nécessaire que plus de gens les entendent. » Souhaitant alors partager ces histoires, elle décide de filmer trois blessés, trois générations, trois civils qui se sont portés volontaires et qui en ont payé le prix fort. Ce film documentaire est de toute beauté et doit beaucoup à la sensibilité de sa réalisatrice, mais aussi au naturel des trois soldats, pourtant bien amochés, qui jouent le jeu et se confient à coeur perdu. D’une durée raisonnable, ce documentaire propose également une radiographie de la situation en Ukraine à laquelle le Français ne comprend goutte, mais surtout sans prendre parti, sans rancoeur, ni patriotisme exacerbé.

 

 

Une ode à la liberté

Ce film est une ode à la liberté, au courage mais n’est pas un film martial. C’est plutôt un exercice impressionniste et féminin sur la tendresse qu’il faut en soir pour résister au désespoir des combats perdus d’avance. Il faut dire que les trois soldats volontaires sont saisissants et d’une grande dignité malgré les graves blessures que cette guerre absurde (pléonasme !) leur a infligées. Anatolii, Dmytro et Oleksii – ce dernier soldat a été découvert au dernier moment – sont trois hommes très attachants qu’on n’oubliera pas facilement. La réalisatrice est d’ailleurs restée en contact avec eux après les avoir mis en lumière par le biais du travail du directeur de la photographie, Matthieu-David Cournot. « Anatolii se déplace grâce à ses prothèses. Il est hyper actif. Oleksii, même si sa jambe le fait encore souffrir par moment, a repris son métier de menuisier, j’ai d’ailleurs été une de ses premières clientes. Il travaille beaucoup pour l’armée. Dmytro va très bien, il a fait beaucoup de sport après sa rééducation. Il préfère toujours ne pas porter de short pour que les gens ne voient pas ses nombreuses cicatrices. » C’est ce qui est attachant avec ce film qui joue à la fois sur l’affect et sur une tentative d’explication de cette guerre quasiment fratricide.

Un montage au plus près de la vérité

Tourné pendant un mois, avec retour à l’hôpital un an plus tard pour enregistrer les ambiances sonores, le film est ensuite monté par Nicolas Desmaison. « Nous avons d’abord dû faire traduire plus de 35 heures de rushes, grâce à l’aide précieuse d’Ukrainiens vivant en France, explique-t-elle dans le dossier de presse. Puis le montage est allé très vite. Nicolas a un sens du rythme et une oreille exceptionnelle, lui non plus ne parle pas ukrainien, mais il devinait où couper à la virgule près. » À travers ce film, Svitlana Smirnova ne veut pas seulement délivrer un message de douceur dans un monde de brutes, elle veut aussi attirer l’attention sur une véritable invasion que les médias occidentaux ont minimisée lâchement en parlant de « tensions ». Cependant We are soldiers est un documentaire plein d’espoir, qui célèbre l’amour comme moteur d’une reconstruction aussi bien physique que mentale. Ce qu’on appelle ici la résilience paraît-il.

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Durée : 60 mn


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