Ce n’est pas toujours dans les vieilles casseroles que l’on fait les meilleurs films. En repartant de zéro – Peter Parker, lycéen malin mais bizuté par ses petits camarades de classe, se fait mordre par une araignée radioactive et se retrouve affublé de supers pouvoirs ; il s’en sert d’abord à des fins personnelles, mais change son fusil d’épaule et décide de lutter contre le crime après avoir assisté à l’assassinat de son oncle – , Marc Webb courait un risque évident : éveiller chez le spectateur une désagréable impression de déjà-vu. Il prend donc soin de contourner les scènes-clés et d’éjecter les principaux personnages du premier Spider-Man, à commencer par Mary-Jane, Harry Osborn et son influent paternel. L’oncle et la tante de Peter ne pouvant pas être mis au placard, ils apparaissent brièvement pendant le premier quart d’heure du film, mais font plutôt figure de potiches. Le film de Marc Webb ne commence réellement qu’après avoir bâclé ce bref et inconfortable parcours initiatique : le grand méchant lézard apparaît et le combat du bien contre le mal peut enfin commencer. Youpi.
Pas de grand frisson – la 3D offre une ou deux scènes de voltiges assez réussies, dont le charme s’estompe rapidement – mais une bonne dose de manichéisme pour tenter de faire monter la mayonnaise. Le justicier, loin d’être tourmenté par les risques qu’il encourt, sauve des enfants innocents d’une mort certaine et s’attire la sympathie des citoyens new-yorkais. On ne peut s’empêcher de regretter l’humour des premiers films, le physique de freluquet de Tobey Maguire et la verve de J. K. Simmons.
Alors, à quoi bon ce reboot ? En sortant de la salle, le spectateur n’aura pas appris grand-chose sur le passé de Spider-Man, se sera amusé pendant une dizaine de minutes de relever les points communs et différences entre les films de la saga, aura ri un peu, soupiré beaucoup. Mais pas d’inquiétude à avoir : les deux prochains épisodes devraient, à coup sûr, nous apporter quelques éclaircissements sur le passé du héros en juste-au-corps.