Sound of Noise

Article écrit par

Au son de << Music for one city and six drummers >>, les Six drummers sont de retour pour un concert unique : une attaque terroriste orchestrée par les déjantés Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson.

Tic tac. Plus personne ne bouge : « ceci est un concert ! » L’injonction ferait sourire si la musique n’était dans Sound of noise l’arme de destruction d’une bande de terro-ciens (contraction de terroristes et de musiciens) prêts à en découdre avec le son au sein d’une société policée. Tic tac. Ces terroristes musicaux élaborent « Music for one city and six drummers », une œuvre destinée à servir leur attaque citadine ; le pire pour le mal nommé Amadeus Warnebring, fils et frère de musiciens traumatisé par ladite musique. Officier de police, c’est à lui que revient l’enquête. Le tout au son du métronome. Tic tac.

Familiers de l’exploration sonore avec leurs précédents courts-métrages (Way of the flounder, Woman and gramophone), les suédois Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson récidivent encore plus bruyamment avec ce premier long-métrage inspiré des Six Drummers, six percussionnistes avec lesquels ils n’ont cessé de travailler depuis le court Music for one apartment and six drummers, sélectionné à Cannes en 2001. Comme dans leurs opus antérieurs, Sound of noise livre assez peu de dialogues, ce qui n’empêche pas le spectateur d’en prendre, au sens littéral du terme, plein les oreilles. Et pour cause, puisque les six terroristes du film sont de véritables musiciens, mais pas n’importe quels musiciens. De ceux que le bruit d’une goutte d’eau au contact d’un évier fait frissonner, de ceux que l’élasticité d’un corps replet exalte, de ceux que les possibilités d’une centrale électrique galvanisent.

L’image devient presque secondaire, on a envie de fermer les yeux. Bien sûr, contrairement à Music for one apartment and six drummers, l’intrigue est développée, argumentée, évolutive et tient en haleine. L’imaginaire et l’excentricité déjantée mais propre de ces suédois loufoques nous amèneraient presque à envisager une attaque de métronomes géants, mais non, les personnages sont « réels », pas de métronomes géants en vue. Dotés de caractères (forcément) forts, ils possèdent un vécu et même un cœur qui bat… surtout au son des percus. Ainsi va l’intrigue musicale : le déroulé des images suit le tempo des six drummers et non l’inverse. L’action et sa cadence sont uniquement conditionnées par le son et non par les péripéties, au service du sonore.

Ce film est une ode au son, aux bruits citadins, ce qui rend l’urbain, le bruit des machines, celui des gens, le vôtre, le mien, le leur, moins nuisible voire tout à fait agréable. Et nos objets modernes, ici instruments, sont sublimés pour mieux mettre la ville en valeur ; cette grosse machine qui parfois nous oppresse et dont le ronronnement jamais ne cesse.

Avec Sound of noise, Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson livrent une fable sur la diversité, l’acceptation de la différence, le refus justifié d’un ordre établi à la limite de la tyrannie, faisant ainsi écho à certaines scènes du Roi et l’oiseau de Paul Grimault. Dommage que ces derniers s’attachent à tout prix à une romance qui ne séduit jamais. Cet élément mis à part, aucun « excès de vitesse au violon », ni « usage de fausses notes », n’est à déplorer dans ce film synesthésique qui choie les yeux, les oreilles et les zygomatiques.

Titre original : Sound of Noise

Réalisateur :

Acteurs :

Année :

Genre :

Durée : 102 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi