Séraphine

Article écrit par

Bonne à tout faire au village de Senlis dans l´Oise du début du XXème siècle , Séraphine (Yolande Moreau) emploie la totalité de son temps libre à sa passion : la peinture. Sa rencontre avec le collectionneur d´art Wilhelm Uhde (premier acheteur de Picasso et découvreur du douanier Rousseau) lui fait découvrir l´excellence de son oeuvre et lui permettra de se faire connaître du grand public.

Ce biopic d’une fraîcheur extraordinaire dessine avec précision le portrait de ce peintre de génie caché dans un petit village au milieu de la campagne, à une époque où de grands changements bouleversent l’Europe.
Le rapport de Séraphine à l’art a ici deux versants totalement opposés mais paradoxalement complémentaires : le premier matérialiste, avec l’élaboration artisanale des couleurs, la recherche d’argent pour acheter les toiles et outils nécessaires ; l’autre mystique, entre l’adoration de la nature et l’inspiration divine. Le collectionneur W.Uhde est émerveillé et conquis par ce personnage complexe, mais sa volonté de faire connaître son œuvre et de la rendre célèbre suit de près la dérive de l’Europe et celle de Séraphine du mysticisme sublime vers la folie concrète.

Martin Provost signe un film remarquable où toutes les étapes de création frôlent l’excellence : un scénario précis et net ; une image complètement réussie et en parfait accord avec la volonté juste du réalisateur ; un son impeccable (en arrière les violons mielleux, ici la bande son est d’une merveilleuse pureté), et outre toutes ces qualités, l’interprétation extraordinaire et captivante de Yolande Moreau (Quand la mer monte ; Enfermés dehors ; Une vieille maîtresse), secondée par celle de Ulrich Tukur (Solaris ; Le couperet ; La vie des Autres), dans le rôle de Wilhem Uhde.

Un récit qui fuit le pathos et le tragique pour s’attacher à une dimension beaucoup plus épique de la relation de cette femme avec l’expression pure de son art. Un film indispensable.

 


Titre original : Séraphine

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Journal intime

Journal intime

Adapté librement du roman de Vasco Pratolini, « Cronaca familiare » (chronique familiale), « Journal intime » est considéré à juste titre par la critique comme le chef d’œuvre superlatif de Zurlini. Par une purge émotionnelle, le cinéaste par excellence du sentiment rentré décante une relation fraternelle et en crève l’abcès mortifère.

Été violent

Été violent

« Eté violent » est le fruit d’une maturité filmique. Affublé d’une réputation de cinéaste difficilement malléable, Zurlini traverse des périodes tempétueuses où son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Cet été
violent est le produit d’un hiatus de trois ans. Le film traite d’une année-charnière qui voit la chute du fascisme tandis que les bouleversements socio-politiques qui s’ensuivent dans la péninsule transalpine condensent une imagerie qui fait sa richesse.

Le Désert des tartares

Le Désert des tartares

Antithèse du drame épique dans son refus du spectaculaire, « Le désert des Tartares » apparaît comme une œuvre à combustion lente, chant du cygne de Valerio Zurlini dans son adaptation du roman éponyme de Dino Buzzati. Mélodrame de l’étiquette militaire, le film offre un écrin visuel grandiose à la lancinante déshumanisation qui s’y joue ; donnant corps à l’abstraction surréaliste de Buzzati.