Les Barons

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Comédie gentillette et un peu poussive, Les Barons nous narre les aventures de jeunes glandeurs à Bruxelles.

Avec Les Barons, Nabil Ben Yadir a voulu faire un film sur la jeunesse, sur l’oisiveté aussi ou encore sur le passage de l’adolescence et de l’insouciance à la vie adulte, aux responsabilités, à l’âge d’homme. Le réalisateur traite aussi, et c’est primordial pour aborder son film, des difficultés que peut rencontrer une certaine jeunesse issue de l’immigration maghrébine ; et de montrer les points d’achoppement des existences, coincées souvent entre une modernité occidentale et une tradition ; confrontation de deux cultures qui peut déphaser et rendre malheureux.

Les Barons dont l’action se situe à Bruxelles, ville d’immigration très importante, est la première comédie belge sur les quartiers poulaires. Le sujet aurait très bien pû être traité par Ken Loach, et il y a fort à parier que le résultat nous aurait séduit bien davatange.  On se rappelle ainsi de Just another kiss, dont la thématique a de nombreux points communs avec le film de Nabil Ben Yadir. Mais la comparaison s’arrête là. Très vite on s’ennuie en voyant Les Barons.

Ces derniers, un groupe de jeunes oisifs, se sont offert une BMW – à huit. Leur devise ? "Glander plus pour vivre plus." L’existence de chacun, selon eux, suit une voie tracée par une sorte de destinée, la vie  s’arrêtera à un moment prévu à l’avance et par conséquent, mieux vaut ne pas travailler. Mais la glande est un art de vivre. Or l’existence de cette bande de jeunes s’apparente plus au vide qu’à la philosophie du Carpe Diem, à la jouissance réelle de l’instant. Ici, tout n’est que vacuité, ennui, longueur.

Très vite, on peut deviner que ce film n’accédera pas au club très fermé de ces films qui font rire. Et ce n’est pas l’apparition d’une guest star comme Edouard Baer en metteur en scène de one Man show, qui sauve les meubles. Ni plus tard celle de Fellag. Le plus souvent, le comique tombe à plat. Il manque le drame. Ou plutôt ce subtil mélange entre intensité dramatique et humour qui sied aux sujets sociaux.

Il faut dire que les acteurs ne sont pas géniaux. Le héros Hassan (Nader Boussandel) est un peu poussif même si son jeu va petit à petit s’étoffer. Deux jolies filles feront leur apparition dont Malika, journaliste à la télévision, qui personnifie la réussite professionnelle pour cette communauté ou les garçons sont souvent bien plus à la peine que les filles pour trouver du travail.  A l’actif du casting, signalons le jeune Julien Courbey, doté d’ une vrai « gueule de cinéma ».

Mais Les Barons n’est pas qu’une lente agonie. Dans la dernière demi-heure, le film soudain sort de sa torpeur. Le drame s’invite, l’irruption de la violence, à travers une bagarre entre deux amis, donne de l’intensité aux derniers moments de l’histoire. Mais surtout, on retient l’accident qui vient mettre un terme à la jeune vie de Mounir. C’est à lui que l’on doit la réplique cruciale du film, s’il en est : « Qu’y a t-il de plus important que d’aller voir des femmes ? »

Titre original : Les Barons

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Durée : 111 mn


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