Les 3 p’tits cochons

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Un conte pour grandes personnes assez sympathique, à base de << tabernacle >>, d´humour potache, de testostérone et d´histoires de fesses.

Comme le titre le laissait présager, l’humour de cette comédie signée Patrick Huard n’a pas la subtilité d’un Déclin de l’empire américain de Denys Arcand. Pour faire bref, l’histoire du film consiste à montrer quel sera le cochon qui verra sa maison soufflée à la fin. Passons la faute de goût du titre, ce premier long métrage s’avère être une comédie un peu lourdingue, mais plaisante dans l’ensemble.

Les "p’tits cochons" en question, Mathieu, Christian et Rémi, sont frères, et les visites quotidiennes au chevet de leur mère à l’hôpital sont l’occasion d’évoquer leurs fantasmes et autres saturnales. Au cœur des débats : l’infidélité, sujet – ô combien lessivé – qui divise dès le début, en délimitant nettement les rôles de chacun : Rémi, le moralisateur, la droiture faite homme ; Christian l’éternel adolescent, obsédé sexuel et grand consommateur de sopalin, qui frétille de l’oreille dès qu’on parle de sexe, et enfin Mathieu, le casé qui découche, étriqué dans sa trop petite vie. Mais ce sont évidemment ceux qui en parlent le moins, qui en font le plus, comme c’est original…

De manière unilatérale, les hommes parlent du sexe opposé, mais pas l’inverse. Et heureusement pour le film, le grand méchant loup, ce ne sont pas les femmes, mais le désir, l’irrépressible envie d’aller voir ailleurs. La frontière entre les genres s’avère d’ailleurs être assez floue. Tout le monde en prend pour son grade. Les hommes sont montrés dans toute leur mesquinerie – bien que mariés à des femmes estimables, ils sont irrémédiablement attirés par « l’infâme », cherchez Freud là-dessous et vous le trouverez ! – et les femmes, au choix, sont soit complètement vampiriques, soit totalement frigides (une seule échappe à cette dichotomie, mais c’est un personnage trop mineur pour nuancer le discours). Bref, le film ne brille pas par la finesse ou la complexité des caractères de ses protagonistes.

Même si les situations ne sont pas toujours originales, les dialogues sont souvent drôles, jamais grossiers, et l’humour « tabernacle » est très rafraîchissant pour l’oreille française. Non seulement l’accent québécois et les mimiques des – très bons – acteurs font rire, mais les répliques elles-mêmes, particulièrement imagées, sont assez cocasses, voire cultes ("il a du front tout le tour de la tête" comprenez : "il ne manque pas d’air, il est culotté"). Le comique va ici crescendo, les flagrants délits d’infidélité s’enchaînent jusqu’à un énième rebondissement, malheureusement de trop, qui entache et fait traîner la fin d’une comédie qui n’était pas si mal jusque là.

Quant au travail de Patrick Huard, saluons les petites astuces de réalisation et de mise en scène qui dynamisent l’ensemble : la même scène vue de points de vue différents, les jeux de regard, le dialogue imaginaire avec la mère comateuse, le mot "salaud" écrit à l’encre indélébile sur le front de Mathieu l’adultérin, ou la mémorable chorégraphie post coitum de Christian façon "Flashdance" après la pluie.

Titre original : Les 3 p'tits cochons

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Durée : 124 mn


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