Le Drôle de Noël de Scrooge (Disney’s A Christmas Carol)

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La magie, ce n’est pas une simple recette de cuisine. On a beau avoir les bon ingrédients, cela ne marche pas tout le temps.

Nous sommes au milieu de l’Angleterre victorienne, un livre s’ouvre, A Christmas Carol de Charles Dickens. Il neige. Ebenezer Scrooge assiste à l’enterrement de son collaborateur mais ne laisse paraître aucune émotion. Quand il rentre au bureau, il ne sait faire que compter son argent et surveiller son employé. Un soir, au moment où il rentre chez lui, il rencontre son propre fantôme…

Avec Noël en trame de fond et une histoire fantastique autour de la rédemption d’un homme avare, le conte de Charles Dickens figure parmi les classiques de la littérature. Pour autant il reste une oeuvre qui mérite un peu d’attention dans l’adaptation cinématographique. Le récit est avant tout imaginaire et non réaliste, au contraire d’Oliver Twist par exemple. C’est le principal écueil dans lequel est tombé Robert Zemeckis. Derrière un déluge d’effets spéciaux, amplifiés par l’effet 3D, Le Drôle de Noël de Scrooge est une mauvaise farce gâtée. Toute l’attention a été portée sur la finesse du graphisme du film d’animation, en un mot sur le réalisme des rues, de la neige, des visages, des toits… Précisément les décors certes travaillés sont souvent inutiles et déservent le récit porté vers une quête mystique.

On cherche vainement un peu de magie qui donnerait de l’envergure au film. Pas le simple feu d’artifice qui explose au sol tel un pétard mouillé. Mais un élan magique, une fièvre fantastique comme dans Alice au pays des merveilles. Celle où on a l’impression d’être à la place du héro et de ressentir ses propres émotions, même si elles ne sont pas agréables que le personnage est un ignoble vieux radin.

Au lieu de cette vague enivrante, la trame narrative est au contraire maladroite. Le mélange entre terreur et comédie laisse assez perplexe et trahit la faiblesse de l’écriture de l’adaptation. Des scènes trop terrifiantes évincent l’esprit du conte de Dickens, comme la fuite de Scrooge face à un carrosse fantôme dirigé par des chevaux dont les yeux saignent. De plus, l’intrigue est trop lente, d’autant plus que chaque scène semble répétitive.

Il est peut-être temps que les producteurs de Disney se rendent compte que ce qui manque à leurs derniers films, c’est tout simplement la magie de leurs anciennes productions plus que les paillettes dont ils nous gratifient depuis quelques temps. Cependant, il paraît qu’il se prépare un revirement de jurisprudence avec le prochain film d’animation La Princesse et la Grenouille qui sortira début janvier en France.

Titre original : Disney's A Christmas Carol

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Durée : 98 mn


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