L’art du huis clos

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Cette semaine, le Coin du cinéphile s’enferme à double tour…

Les Huit salopards (Quentin Tarantino), Room (Lenny Abrahamson) ou encore 10 Cloverfield Lane (Dan Trachtenberg) l’ont prouvé en cette année 2016, le huis clos est l’un des motifs esthétiques et narratifs les plus intéressants au cinéma. Vecteur à la fois de suspense, de tension psychologique et écrin à des performances d’acteurs intenses, le huis clos emprunte au cinéma tout en prenant le meilleur du théâtre. Stimulant la virtuosité du réalisateur devant donner un tour dynamique à l’ensemble, le principe permet également aux interprètes de retrouver une intensité plus « scénique » dans leur jeu. Pour ce Coin du cinéphile, nous avons à travers notre sélection tenté d’explorer la richesse de genres, situations et espaces différents stimulés par la « contrainte » du huis clos. Le jeu de massacre de Reservoir Dogs (Quentin Tarantino, 1992), le face-à-face de Garde à vue (Claude Miller, 1981) et le siège de Assaut (John Carpenter, 1976) emmènent le polar et le cinéma d’action vers des sphères inédites. Buñuel en fait un concentré de surréalisme dans L’Ange exterminateur (1962), l’étude de mœurs se fait plus intense dans Douze hommes en colère (1957) de Sidney Lumet tandis que Julio Medem en fait le motif de sa romance dans Room in Rome (2010). Enfin, Moon (2009) de Duncan Jones exploite la solitude et la paranoïa dans la SF alors que Wolfgang Petersen capture les peurs du soldat enfermé dans Le Bateau (1981).

Bonne lecture avant un Coin du cinéphile consacré à l’imagerie du Sud dans le cinéma américain.


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