Toujours est-il que le film convoque aussi la science-fiction, puisque pour s’évader des griffes du Roi de la Terre, Jean de la Lune devra se faire des amis, en l’occurrence l’homme à tout faire du Roi – sorte de savant fou à la manière du Géo Trouvetout des BD de Walt Disney -, qui changera de camp et détournera le cours de la fusée pour que Jean de la Lune puisse y retourner. Jean de la Lune symbolise aussi le Pierrot lunaire qui fit les beaux jours de la commedia dell’arte et qui revint en force avec le personnage de Basile dans Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné. À une époque où les enfants ne sont, paraît-il, que vissés sur leurs consoles de jeux vidéo, Jean de la Lune apparaît comme un antidote à l’approche des fêtes de Noël. On pourrait dire que ce petit film, avec d’autres comme Kirikou (Michel Ocelot) ou Le Jour des corneilles (Jean-Christophe Dessaint) en animation, ou encore Boy (Taika Waititi) ou Little Bird (Boudewijn Koole) en films de fiction, semble marquer le retour de la poésie et du rêve dans le monde des enfants, monde bien malmené depuis quelque temps par des invasions de monstres barbaresques ou surréalistes. Faut-il pleurer, faut-il en rire, le cinéma pour enfants n’est pas un art facile, et ici encore une fois, on peut mesurer l’étendue du talent des cinéastes d’animation et des créateurs d’histoires qui n’hésitent pas à travailler à contre-courant pour nous enchanter. Nous avons encore et toujours besoin d’entendre : « Il était une fois »…
Jean de la Lune
Article écrit par Jean-Max Méjean
Jean de la Lune est un bonhomme à la manière du Petit Prince, qui a eu le malheur de quitter sa planète et ne trouve pas le bonheur sur Terre. Un film pour les grands et les petits.