Jean de la Lune

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Jean de la Lune est un bonhomme à la manière du Petit Prince, qui a eu le malheur de quitter sa planète et ne trouve pas le bonheur sur Terre. Un film pour les grands et les petits.

Ce film d’animation, inspiré d’un des plus beaux albums de l’artiste alsacien Tomi Ungerer, est une sorte de Petit Prince pour les tout-petits, mais il ne déplaira pas non plus aux parents qui les y accompagneront. Quand on s’ennuie tout seul, on veut découvrir autre chose mais on est souvent déçu. En fait, l’herbe est toujours plus belle ailleurs. C’est cette morale que le film montre mais de manière fort poétique. Jean de la Lune, petit bonhomme tout blanc, replet et sympathique, fuit son astre de nacre en s’accrochant à la queue d’une comète pour se retrouver sur Terre, où il ne tardera pas à déchanter. Là, tout n’est pas que luxe, calme et volupté, mais duplicité, méchanceté et jalousie. Énième variation sur le thème de la recherche de l’harmonie dans un monde cruel, Jean de la Lune n’est pourtant pas un film naïf car il propose une petite leçon de philosophie et de savoir-vivre. Jean de la Lune, désenchanté, pourchassé, arrêté, menacé, ne pense plus qu’à une chose : regagner sa Lune chérie qu’il voit luire, un peu narquoise, dans le ciel de la nuit. On pense bien sûr au Petit Prince qui compare toutes les planètes qu’il visite à la sienne, où semble régner l’harmonie, à la différence des autres qui ne présentent que des défauts. Mais on ne peut aussi s’empêcher de penser à E.T. (1982) de Steven Spielberg, qui s’en serait peut-être en partie un peu inspiré, qui sait.

Toujours est-il que le film convoque aussi la science-fiction, puisque pour s’évader des griffes du Roi de la Terre, Jean de la Lune devra se faire des amis, en l’occurrence l’homme à tout faire du Roi – sorte de savant fou à la manière du Géo Trouvetout des BD de Walt Disney -, qui changera de camp et détournera le cours de la fusée pour que Jean de la Lune puisse y retourner. Jean de la Lune symbolise aussi le Pierrot lunaire qui fit les beaux jours de la commedia dell’arte et qui revint en force avec le personnage de Basile dans Les Enfants du paradis (1945) de Marcel Carné. À une époque où les enfants ne sont, paraît-il, que vissés sur leurs consoles de jeux vidéo, Jean de la Lune apparaît comme un antidote à l’approche des fêtes de Noël. On pourrait dire que ce petit film, avec d’autres comme Kirikou (Michel Ocelot) ou Le Jour des corneilles (Jean-Christophe Dessaint) en animation, ou encore Boy (Taika Waititi) ou Little Bird (Boudewijn Koole) en films de fiction, semble marquer le retour de la poésie et du rêve dans le monde des enfants, monde bien malmené depuis quelque temps par des invasions de monstres barbaresques ou surréalistes. Faut-il pleurer, faut-il en rire, le cinéma pour enfants n’est pas un art facile, et ici encore une fois, on peut mesurer l’étendue du talent des cinéastes d’animation et des créateurs d’histoires qui n’hésitent pas à travailler à contre-courant pour nous enchanter. Nous avons encore et toujours besoin d’entendre : « Il était une fois »…

Titre original : Moon man

Réalisateur :

Acteurs :

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Durée : 95 mn


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