Heart of a Lion

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Un film sur le racisme plaisant mais un peu simpliste.

Teppo, chef d’un groupuscule néonazi, voudrait avoir le courage d’un lion et faire honneur à son pays, la Finlande. Il a tatoué le lion de Finlande sur son torse, à côté d’une svastika et d’une tête de mort. Mais sa rencontre avec la blonde Sari, mère d’un jeune garçon métis, va lui révéler le vrai sens de l’honneur et les vertus de la non-violence. Après un drame très sombre, La Maison des papillons noirs (2008), une peinture sociale, Fruit défendu (2009), et une comédie franchement délirante, Very cold trip (2010) Dome Karukoski, jeune cinéaste prometteur, change à nouveau de genre avec un film sur le racisme qui garde foi en l’homme. Heart of a lion parle de haine et d’amour, l’amour plus fort que la haine, de la conversion d’un homme égaré et la cohabitation difficile entre deux êtres que tout oppose, un skinhead et un enfant noir. Le sujet est banal mais bien traité et servi par de bons acteurs.

Le film est maîtrisé, avec un bon rythme, des dialogues crus et de beaux plans sur les visages des acteurs : l’expression haineuse des néonazis, la peur du jeune Rhamadhani, le malaise de Teppo qui doit choisir son camp, le désarroi de son frère Harri. Il verse cependant parfois dans le manichéisme : les néonazis sont aussi méchants que bêtes, le malheureux Rhamadhani est harcelé par ses camarades de classe aux cheveux blonds, son père est un homme sage et respectable.
Les scènes d’entraînements des néonazis, qui jouent et se battent comme de jeunes loups, un sourire féroce aux lèvres, filmées au ralenti à plusieurs reprises, manquent un peu de finesse. Elles présentent le groupe comme une meute menaçante et décérébrée – ce qui est vrai, au demeurant – au lieu de poser un regard plus lucide sur les raisons qui ont amené ces jeunes gens à la xénophobie et à la délinquance.

La relation qui se construit entre Teppo et Rhamadhani est pleine de tendresse mais Teppo se laisse un peu trop facilement apprivoiser et résout sans tarder son dilemme entre la possibilité d’un nouveau foyer et sa bande. Sans surprise, l’amour triomphe de la haine. Ses convictions raciales vite envolées, son seul souci est alors de sauver les apparences. On devine en fait d’emblée que cet homme-là est plus intelligent et moins brutal que ses comparses tondus. Le personnage de Harri, en revanche, à la fois odieux et touchant, borné et totalement désorienté, est beaucoup plus complexe et intéressant. Il illustre la difficulté à renoncer à une idéologie profondément ancrée, à trouver de nouveaux repères en l’absence d’une grande maturité.
En dépit d’un propos un peu simpliste parfois, le réalisateur atteint finalement son objectif de traiter du racisme de manière « lumineuse » et de se démarquer des films plus sombres en mêlant drame social et comédie romantique. Il y parvient parfaitement dans les dernières scènes en opposant à la noirceur qui aurait pu être étouffante un éclat de rire salvateur.
 

Titre original : Leijonasydän

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Durée : 99 mn


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