Goodbye Solo

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C´est à un beau tête-à-tête que nous convie Ramin Bahrani pour son troisième long-métrage, inspiré de personnes réelles habitant à Winston Salem, sa ville natale.

Solo (Souleymane Sy Savané), chauffeur de taxi sénégalais à Winston Salem, rencontre William (Red West) lors d’une course où le vieil homme lui demande de le conduire deux semaines plus tard, en aller simple, au sommet de la falaise de Blowing Rock. Solo comprendra vite que William ne compte pas revenir.

C’est ici que débute la relation entre ces deux hommes dont le point commun vient du fait que chacun veut ou essaie de contrôler sa propre vie. Solo, l’Africain altruiste, proche d’une culture où l’aïeul tient une place prépondérante, demande à William « Pourquoi la famille est pas soudée aux Etats-Unis ? En Afrique, même s’ils n’ont plus de dents, on les aide à se nourrir. ». Il a pourtant lui-même du mal à unir sa propre famille. Mais c’est un homme persévérant, multi-linguiste, un bosseur débrouillard qui essayant tant bien que mal de prendre sa vie en main et d’évoluer socialement. Quand il rencontre William, son couple bat de l’aile, il va devenir papa et  ne peut pourtant rester auprès de sa femme qui le rejette, lui et ses ambitions.

William, quant à lui, est le produit d’une culture individualiste, il pourrait être l’une de ces nombreuses vieilles personnes isolées  habitant nos villes et nos villages. C’est un homme désabusé, usé, tourmenté par ses échecs personnels. Sans résoudre ses erreurs passées, il décide d’être maître de sa propre mort. Solo s’immisce alors dans la vie du vieil homme et cherche à nouer un lien que William acceptera, tout en gardant ses distances.

Souleymane Sy Savané et Red West nous offrent une interprétation toute en finesse. Ramin Bahrani et Bahareh Azimi, les scénaristes, ont choisi le parti-pris de la pudeur : jamais nous ne rentrons dans l’intimité des personnages. Les auteurs se concentrent uniquement sur la relation entre les deux hommes à l’instant présent. Leur part d’ombre et leurs secrets restent en suspens. Ils laissent peu de place aux personnages secondaires, si ce n’est Alex (Diana Franco Galindo), la fille adoptive de Solo, qui symbolise à elle seule la vitalité et l’espoir mais sert aussi de liant entre les deux hommes.

Seul petit regret, le rythme a tendance à s’essouffler. N’ayant rien d’un film à rebondissements, la construction scénaristique très linéaire ne laisse pas de place à la surprise et quelques longueurs appesantissent le film. Malgré cela, une mise en scène et un montage simples et efficaces, un cadrage serré évoquant la promiscuité des deux hommes, un sujet maintes fois traité (la rencontre entre deux personnes très différentes) mais qui ne tombe pas ici dans le sentimentalisme font de Goodbye Solo une œuvre touchante et attachante. Un bain d’humanité.

Titre original : Goodbye Solo

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Durée : 91 mn


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