Fisherman’s friend

Article écrit par

Un feel good movie qui donne envie de chanter, de danser et de passer ses vacances dans les Cornouailles.

Meg Leonard, une des deux scénaristes, raconte qu’elle venait d’accoucher lorsqu’elle a vu à la télévision le groupe folk qui donne son nom au film. « J’ai été immédiatement captivée par le sens de la communauté, de l’humour et de la tradition que les dix hommes personnifiaient, dit-elle. Ils représentaient un mode de vie plus simple et plus connecté que beaucoup d’entre nous ont perdu et dont nous avons besoin. » Et c’est ainsi que des années plus tard, Chris Foggin se lance dans la réalisation de ce film qui narre leur histoire.  Originaires de Port Isaac en Cornouailles, les Fisherman’s Friends ont commencé en 1995 à réaliser localement des chants marins, en collectant fréquemment des fonds pour des œuvres de charité. En 2010, ils ont signé un contrat d’un million de livres sterling avec Island Records, et leur album Port Isaacs Fishermans Friends est devenu un disque d’or, faisant du band le premier groupe folk traditionnel à entrer dans le top ten britannique. Depuis, ce groupe d’amis de toujours a été célébré partout où il a joué, même sur la célèbre scène pyramidale du Festival de Glastonbury.

 

Avec l’aide de Nick Moorcrof, autre scénariste anglais à succès, elle a rencontré le manager du groupe et le projet de faire un film sur leur incroyable succès est né. « Nous nous sommes inspirés de leur humour, de leurs manières, de leurs expériences, de leurs dialogues et nous les avons canalisés vers les quatre personnages principaux du groupe », raconte Meg Leonard. Du coup, ça donne un feel good movie, non pas un de plus mais une belle réussite même si l’histoire a été un peu romancée. Mais on y rencontre les voix des Fisherman’s, leur belle volonté et leur fraternité qui réchauffent le coeur par les temps tristounets qu’on connaît de nos jours. Le comté de Cornouailles est ici bien mis en valeur, notamment ses paysages, mais aussi ses us et coutumes. Tout démarre par l’enterrement d’une vie de garçon. Quatre amis quittent Londres pour aller faire les pitres dans ce village reculé. On ne sait pas alors qu’ils travaillent dans une unité de production de disques et c’est à la suite d’un quiproquo, malheureusement un peu trop usé tout du long, qu’un des quatre se met à poursuivre le groupe folk et leur fait enregistrer leurs chants de marins avinés dans l’église du village. La suite fort improbable, on la connaît, ce sera le succès. Mais aussi l’amour pour le manager maladroit, Danny, interprété ici par l’acteur fort connu en Angleterre, Daniel Mays, qui campe un personnage à la fois truculent, timide et généreux.

Dans la veine des films anglais du terroir, celui-ci n’a pas la prétention de détrôner bien sûr ceux de Ken Loach dans la dénonciation d’une société inégalitaire, mais il parvient à donner un ton à un ensemble fort sympathique et divertissant à la fois. Servi par la belle photo de Simon Tindall mettant en valeur le village de Port Isaac qui risque bientôt de se faire déborder par des hordes de touristes, Fishermans Friends donne vie à des personnages hauts en couleurs parmi lesquels on retiendra bien sûr les marins chanteurs, mais surtout les actrices, Maggie Steed et la jeune Tuppence Middleton, qui ne sont pas simplement des faire-valoir mais des figures à part entière.

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Pays :

Durée : 112 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur décapante

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur décapante

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…