La lumière crépusculaire et les tons assombris comme par l’effet d’un orage ou d’une tourmente ne conviennent pas généralement aux films se déroulant à la campagne. Mais ici, ils contribuent à rendre le lieu encore plus menaçant sans que l’on sache trop bien pourquoi. Sans doute, la proximité d’un couple de vieux voisins trop polis pour être honnêtes et une maison délabrée que, peu à peu, le couple ne va plus pouvoir envisager de rénover.
Le film commence comme un film presque sentimental, mettant en scène un couple avec enfant s’installant à la campagne. On voit une partie de leur voyage en voiture, mais les couleurs du film, la musique et une sorte de malaise venu d’on ne sait où commencent à s’immiscer, puis montent en puissance crescendo. El campo est construit comme une partition musicale et, par petites touches, le réalisateur parvient peu à peu, et sans effets spéciaux, à instaurer un climat à la Rosemary’s Baby, voire Les Autres, mais sans fantômes, ni vampires, ni serial killers. Il montre bien que tout se passe dans la tête des protagonistes, comme si la campagne devenait une menace pour ce jeune couple qu’on appellerait en France des bobos, comme si le retour à la terre annonçait des souffrances et des renoncements qui font que le malheur se retourne sur les deux personnages qui n’ont plus d’autre alternative que de périr ou de retourner en ville. Nous ne dévoilerons pas la fin du film, mais sachez qu’il conduit sinueusement mais d’une manière décidée vers une conclusion non convenue. « J’ai longtemps hésité à situer l’histoire à la montagne, dans une maison entourée de forêt, mais je me suis finalement décidé pour la campagne, parce que sa platitude, son calme apparent te confrontent plus encore à ce que tu es, seul face à toi-même. Et une telle expérience n’est pas toujours agréable… », constate Hernán Belón. En effet, c’est à vous de voir.