Better things

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Premier film de l´anglais Duane Hopkins, Better Things est présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique. Représentant d´un cinéma européen plein de vitalité, il marque surtout l´avènement d´un auteur qui maîtrise déjà son art, loin des sentiers battus.

Better things est un ovni cinématographique conventionnel. Au cœur de ce paradoxe, un film étrange et troublant, premier long métrage de Duane Hopkins, qui joue avec les faux semblants et les douleurs des êtres humains. Dans ce village rural en Angleterre, la drogue n’est pas un acte de révolte ou un signe d’appartenance à une quelconque catégorie sociale, elle est une substance quotidienne (et banalisée tant elle est consommée avec régularité). Ils ont une vingtaine d’années, trouvent un plaisir morbide à la consommation de cocaïne et ne s’en cachent presque pas. Une certaine réalité qui parfois choque par sa cruauté, par son évidence. Car malgré leur connaissance du mal qu’elle procure (au début du film, une jeune femme meurt d’overdose… ce qui n’empêche pas ses petits camarades de continuer à se piquer), elle appartient à leur existence, aussi vitale que chacune de leur respiration. Parce que, au fond, comment occuper le temps, sinon?


 

Au milieu de ces jeunes adultes cocaïnomanes, on pourrait imaginer que les autres personnages n’en mènent pas large et n’arrivent pas à trouver leur place au sein de cette communauté douloureuse. Cependant, Duane Hopkins a semble-t-il pris le parti de dresser le portrait d’une société en pleine décadence, se lovant dans les bras de Cerbère tel un nouveau né sur le sein de sa mère. Tous les âges ont leurs tourments : pour preuve ce couple de vieilles personnes qui ne se parlent pas, qui ne se pardonnent pas. La caméra suit la conjugaison de leur solitude dans cette maison qui ne vit que dans les souvenirs. Il y a aussi cette jeune fille handicapée qui ne sort jamais de chez elle. Seule, elle trouve pourtant du réconfort auprès de sa grand-mère… juste avant que cette dernière ne meure. Voilà. Une galerie de personnages effrayés qui survivent dans le doute. Perdus et sans espoir, tous aspirent pourtant au bonheur et à l’amour. La quête est une torture parfois, elle est en tous les cas particulièrement injuste lorsqu’elle ne mène pas au Graal. 

 
 

Mais alors, pourquoi Better things serait-il conventionnel? Parce qu’il a presque tout d’un film à récompenses. Une sélection à Cannes en 2008 à la Semaine de la Critique qui promet quelques retombées, et puis surtout un sujet et un traitement qui attisent les prix. Le portrait presque documentaire d’une Angleterre rock’n roll, rebelle et révoltée, sur fond d’une dépression qui ne doit rien à la récession, mais plutôt à une accumulation de conditions de vie précaires. Un isolement authentique, puisqu’un certain nombre de personnages du film sont de vrais cocaïnomanes. Un témoignage fictif, qui va là où le documentaire n’aurait pu aller (montrer la jeune fille morte sur son fauteuil avec une aiguille dans le bras). Alors, même si parfois le malaise se fait sentir, Better things traite avec tact de la douleur des êtres à exister. Insupportable violence du hors-champ et des cris en off, des images que l’on ne montre pas et qu’il est douloureux d’imaginer. Une dureté qui ne prend de sens que dans le message : il n’y a pas qu’en ville que l’on se perd dans les illusions de la poudre blanche. Le désespoir est partout.


Titre original : Better Things

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Durée : 93 mn


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