Berlinale 2017 : Jour 6 et 7

Article écrit par

Une sélection politiquement engagée avec « L’autre côté de l’espoir » et « Beuys ».

L’autre côté de l’espoir : une fable politique
Le réalisateur finlandais, Aki Kaurismäki a présenté le deuxième volet de sa trilogie sur l’exil. Une belle perle du cinéma politiquement engagé. À Berlin, Aki Kaurismäki a lancé un appel à la résistance. Lors de la conférence de presse, il résume pourquoi il fait du cinéma. Il souhaite tout simplement que les deux, trois personnes qui iront voir son film “se disent qu’elles partagent une même humanité”. Demain, “c’est peut-être vous qui serez réfugié”. L’autre coté de l’espoir est une leçon d’optimisme. Khaled, est un réfugié syrien, qui après un long périple arrive en Finlande pour demander l’asile. Son destin croise celui de Wikström, qui vient de quitter sa femme. Wikström décide d’acheter un restaurant lugubre, où Khaled finira par travailler. L’art de Kaurismäki réside dans une apparente contradiction. Avec un humour froid et absurde, il nous touche au plus profond.
 

L’autre côté de l’espoir – crédit photo : Malla Ukkanen, Compétition 2017

 

Beuys
: le pouvoir de l’art pour changer le monde

Le seul documentaire à être parvenu en compétition cette année à La Berlinale explore la vie controversée de l’artiste allemand Joseph Beuys. Le film d’Andres Veiel repose exclusivement sur des images d’archives. L’artiste allemand, de renommée internationale, interrogeait lui-même la notion d’art. Pour Joseph Beuys il n’y a pas de différence entre l’art et la politique. En tant que professeur à l’Université des Beaux Arts de Düsseldorf, il acceptait tout le monde, car selon lui, nous sommes tous des artistes. Beuys est un film captivant, car il nous rappelle que la fonction de l’art n’est pas “de décorer le salon”, mais d’inviter à la réflexion, de provoquer des réactions, voire de changer le monde. En sélectionnant L’autre coté de l’espoir et Beuys, la Berlinale confirme sa réputation de festival politiquement engagé.

Précédents articles sur la Berlinale 2017 :
Berlinale Jour 1
Berlinale Jour 2 et 3
Berlinale Jour 4 et 5

Image d’en-tête : Beuys – crédit photo : Ute Klophaus


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’Aventure de Madame Muir

L’Aventure de Madame Muir

Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…