An American Trilogy

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Trois films coups de poing, coups de coeur

Il faut trouver d’urgence le temps d’aller découvrir au moins l’un des films que Camélia propose ce mercredi en versions restaurées sous le titre général d’American Trilogy.  Une manière efficace et passionnante de (re)découvrir un grand réalisateur indépendant américain, injustement oublié, Michael Roemer, à ne pas confondre avec notre Eric national. Cette trilogie présente en effet trois films bien différents, choisis en raison du fait qu’ils présentent chacun une des facettes de l’ensemble de l’oeuvre du réalisateur. Disons-en quelques mots : Michael Roemer est né en 1928 à Berlin, d’une famille juive allemande. La montée du nazisme pousse ses parents à l’envoyer vivre en Angleterre à l’âge de onze ans, où il intègre Bunce Court, une école pour réfugiés. En 1945, il émigre aux États-Unis.

En 1949, Roemer décroche son bachelor of Arts à l’Université de Harvard. Commençant sa carrière artistique, il écrit une série de douze films pour la fondation Ford, puis réalise Cortile Cascino, un documentaire de 1962. Mais c’est en 1964 qu’il se fait connaître avec Nothing But a Man, qui remporte le prix San Giorgio à la Mostra de Venise et demeure l’un des plus grands films sur la condition des Afro-Américains. En 1970, il réalise Harry Plotnick seul contre tous (The Plot Against Harry), une comédie qui ne sortira qu’en 1989. Beaucoup plus tard sortira, en 1084, Vengeance is mine, et qui se trouve aussi dans cette Trilogy. Michael Roemer, âgé maintenant de 95 ans, est toujours vivant et son oeuvre foisonnante est d’une modernité incroyable. 

Nothing But a Man (1964)

Du coup, ce sera difficile de faire son choix mais on ne peut choisir à votre place. Vous devriez peut-être commencer par Nothing But a Man, le premier chronologiquement. Dans un beau noir et blanc, voici un film fort et captivant sur la condition des Noirs en Amérique dans les années soixante. Film préféré de Malcolm X, il a été récompensé au Festival de Venise avec le prix San Giorgio, attribué aux films particulièrement importants pour le progrès de la civilisation.

The Plot Against Harry (1970)

Il ne faut pas rater non plus bien sûr un autre film en noir et blanc, réalisé six ans plus tard et qui, à son tour, situe une histoire dans un cadre social bien déterminé : le milieu juif new-yorkais que le réalisateur connaît parfaitement bien. Harry Plotnick seul contre tous raconte les aventures d’Harry Plotnick, médiocre escroc qui retrouve, après un bref séjour en prison, son univers bouleversé. Il va vivre une série de situations cocasses dans cette satire du milieu juif new-yorkais jouée par des comédiens amateurs. Un régal qui a peut-être inspiré Rabbi Jacob…La  « jewish comedy » de Michael Roemer, une satire originale très pince-sans-rire agencée en tableautins plus ou moins libres.

Vengeance is mine (1984)

Et, enfin, sans doute le film le plus étrange que vous ayez vu ces temps-ci, en couleurs, magnifiquement interprété, et qui vous ouvrira ce coup-ci à un autre univers, celui gothique de la Nouvelle Angleterre. Tentant sans succès de refermer d’anciennes blessures familiales lors d’un voyage vers Rhode Island, lieu de son enfance misérable, Jo (Brooke Adams), récemment divorcée, se lie d’amitié avec sa voisine Donna (Trish Van Devere), artiste psychologiquement fragile. Mais elle se retrouve bientôt mêlée à un autre drame familial…

Avec La vengeance est mienne, Roemer signe un film incisif, dans la lignée de ses films précédents, continuant d’explorer les difficultés et la fragilité des relations humaines (Nothing But a Man et The Plot Against Harry). On y retrouve Brooke Adams qui avait tourné alors consécutivement dans deux autres films inoubliables : Les Moissons du ciel de Terrence Malick et L’invasion des profanateurs de Philip Kaufman. 

 

 

 

 

 

Dans cette superbe Trilogie, il ne manque plus que l’un de ses premiers films Cortile Cascino de 1962 sur les bidonvilles de Palerme, qui fut amputé de 45 minutes par la NBC à sa sortie parce qu’elle trouvait insupportable la vision de la misère par le public américain… On aimerait bien enfin le voir dans sa version initiale, si c’est possible. 

Devant un tel choix cornélien, il ne vous reste plus qu’à les voir tous les trois, d’autant qu’ils passent groupés aux cinémas Action Christine et Action Ecoles dans les beaux quartiers parisiens. 

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Durée : 290 mn


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