11e édition du Brussels Film Festival

Article écrit par

Le coeur de Bruxelles s’ouvre au cinéma européen : du 19 au 26 juin à Flagey.

Du 19 au 26 juin à Flagey, le Brussels Film Festival plante son décor pour sa onzième édition. Cette année, l’invité d’honneur n’est autre que Bertrand Tavernier et c’est toujours sur le thème de son ouverture à l’Europe que le festival se défend.

Outre l’invité d’honneur, le jury officiel, lui, sera constitué de Samuel Benchetrit, écrivain et réalisateur (J’ai toujours rêvé d’être un gangster, 2007, ou encore Janis et John, 2003) ; de Julia Dietze, actrice allemande qui joue notamment dans le film de SF plein d’humour finlandais Iron Sky, 2012 ; de Joachim Lafosse, réalisateur belge dont on a beaucoup entendu parler récemment avec son dernier film A perdre la raison. Il y aura aussi le charismatique Sam Louwyck et la malicieuse Astrid Whettnall.

On espère qu’il fera beau car les séances en plein air nous prévoient un sympathique retour sur des films belges réalisés récemment. En attendant le prochain long-métrage de Matthieu Donck, dont le tournage vient de se terminer, on pourra voir ou revoir son Torpedo. Seront également projetés, entre autres, A perdre la raison de Joachim Lafosse, Au nom du Fils de Vincent Lannoo (que l’on avait découvert au FIFF de Namur, avec comme interprète Astrid Whettnall, membre du jury), The Broken Circle Breakdown (une coproduction Belgique/Pays-Bas réalisée par Felix Van Groeningen).

Le Brussels Film Festival est l’occasion de découvrir une flopée de films en avant-premières.

Alors qu’on sort à peine du Festival international du film documentaire de Bruxelles, grâce auquel on a découvert le saisissant documentaire d’Andy Wolf, Le capitaine et son pirate, quoi de mieux que de commencer le Brussels Film Festival, en avant-première et en soirée d’ouverture, avec Kapringen, film danois de Tobias Lindholm qui met en scène la prise d’otages d’un cargo danois par des pirates somaliens.
La soirée de clôture, quant à elle, mettra en avant une coproduction Angleterre, Allemagne, France, avec I, Anna, réalisé par Barnaby Southcombe et avec notamment Charlotte Rampling et Gabriel Byrne. Londres, un crime, un détective privé, une histoire d’amour : un film noir comme on n’en fait plus ?
 

Kapringen, de Tobias Lindholm, ouvrira le festival.
 

En ce qui concerne la compétition officielle, douze films se font gentiment concurrence.

On découvrira le sombre 8-Ball, film finlandais de Aku Louhimies sur la réinsertion d’une ex-prostituée toxico sortie de prison. Tout un monde de démons va graviter autour d’elle. Rédemption ou condamnation ? Nous le saurons bientôt.

Place ne sera toujours pas faite à la gaieté avec 90 minutes, de la norvégienne Eva Sorhaug. Trois hommes, chacun à leur manière et parallèlement, vont commettre l’irréparable.
Il faudra sûrement aller chercher encore ailleurs pour trouver un film porteur d’espoir tant 90 minutes semble empli de fatalisme.

Le premier long-métrage de l’italien Claudio Giovannesi, Ali Blue Eyes, suit Nader, un ado égyptien ayant grandi à Rome. Le jour où ce dernier tombe amoureux d’une italienne, tout se complique tant le choc des cultures et des religions devient omniprésent. Un film à l’apparence cynique et profondément humaine.
 

Venu de Pologne et réalisé par Kasia Roslaniec, Baby Blues traite de la légèreté d’une jeune fille désoeuvrée de dix-sept ans qui, en se construisant de faux modèles, est en passe de ruiner une partie de sa vie. Nicole Richie et Britney Spears sont les idoles de Natalie et, comme elles, cette dernière veut devenir mère. Un sujet profond et parfois douloureux, celui des mères ados. Reste à voir le traitement que la réalisatrice polonaise en a fait.

L’actualité de l’Europe ne cesse de trouver son écho dans le cinéma. C’est le cas de la crise grecque et de la chute de son économie qui sont le sujet de fond du film d’Ektoras Lygizos, Boy eating the bird’s food, film sur le désespoir et la solitude d’un jeune homme athénien qui se retrouve à la rue.

Bruno Dumont, à qui l’on doit La Vie de Jésus (1997), L’Humanité (1999), ou encore Flandres (2006), viendra faire une leçon de cinéma et présenter son nouveau film en compétition officielle, Camille Claudel 1915 (sorti en mars dernier dans les salles françaises), avec Juliette Binoche que l’on sera ravis de retrouver dans le rôle principal.
 


Michael Kohlhaas
, de Arnaud des Pallières, sélectionné cette année à Cannes en compétition officielle, sera également de la partie au Brussels Film Festival. Le film sortira au mois d’août en France, venez déjà le découvrir à Bruxelles.

Il y en aura d’autres encore, venant de Turquie (Jîn, de Reha Erdem), d’Allemagne (Five years, de Stefan Schaller) et de partout ailleurs. Mais ne dévoilons pas tout le mystère.

La sélection Panorama laisse présager quelques découvertes intéressantes, à l’instar de Boven is het stil du hollandais Nanouk Leopold, qui traite de l’existence frustrée et refoulée d’un quinquagénaire qui, alors qu’il a toujours souhaité aller voir ailleurs mais obligé de tenir la ferme familiale pendant des dizaines d’années, décide du jour au lendemain d’ouvrir les yeux sur sa situation et de profiter de sa vie. On a envie de vivre ça avec lui.

Bahman Ghobadi avait réalisé en 2009 Les Chats Persans, qui lui avait valu un exil en Turquie, où il est encore à l’heure actuelle. Il survit notamment grâce à cette dernière réalisation, Rhino Season, qui mêle dénonciation politique et drame sentimental. Avec la star iranienne Behrouz Vossoughi, exilée depuis 1979, et la voluptueuse Monica Bellucci.

Beaucoup d’autres films, encore, au sein de cette sélection Panorama, dont nous parlerons en détails très bientôt.
 


Boven is het stil, de Nanouk Leopold.

Dans la sélection Music Docs, on est impatients de découvrir Pussy Riot – A Punk Prayer, de Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin, qui retrace le combat et le procès des trois Pussy Riot, devenues symboles de la liberté d’expression bafouée dans la Russie de Poutine.

Ne ratez pas non plus la master class et les deux leçons de cinéma de Bertrand Tavernier, invité d’honneur de la onzième édition du Brussels Film Festival.

On se retrouve donc le 19 juin pour la soirée d’ouverture !

 
Programmation et infos pratiques sur le site du festival www.brff.be/‎.


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

L’Aventure de Madame Muir

L’Aventure de Madame Muir

Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…