Wrong Cops

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« Wrong Cops », ou comment rendre les flics américains désagréables, obsédés par l´argent et les seins. Bienvenue au pays de l´absurde.

Pour ce nouveau long métrage, Quentin Dupieux a procédé différemment. Ce n’est pas comme pour Steak (2007) ou Rubber (2010) où le réalisateur parisien choisit une bande de copains, tourne ce qui lui passe par la tête comme un enfant et met de la musique dessus, avec quelques potes artistes du label Ed Banger. Cette fois-ci, dans Wrong Cops, Quentin Dupieux a mis au centre du film sa musique, des titres et des sons restés sans vie tout au long de sa grande carrière musicale – déjà 15 ans que Mr Oizo fait vibrer les boites de nuit et autres salles électro. C’est d’ailleurs un peu de lui que l’on retrouve dans le film, à travers le second rôle de flic joué par Éric Judor. Un borgne fan de techno, se rêvant en haut de l’affiche, prêt à tout pour réussir.

 


Wrong Cops
, c’est l’histoire d’une bande de flics véreux, dealers de drogue grâce à des rats morts, obsédés par le dollar et abusant de leur pouvoir pour draguer les filles, faire du shopping ou se balader – à aucun moment on ne les voit travailler. Ces flics, comme le précise Quentin Dupieux, « ça aurait pu être des docteurs », des facteurs, des pédiatres. Ce qui compte, c’est l’idée du costume, de créer un lien entre les personnages à travers le vêtement et l’attitude. Sur la base d’un scénario surréaliste, d’errances et de constructions par l’absurde, le réalisateur qui vit à Los Angeles depuis quelques années, met sa patte française d’outre-Atlantique pour créer un film hybride, à mi-chemin entre le rêve américain, l’ennui, les envies européennes. Sans prétention, il nous embarque dans cette aventure loufoque, folle, insensée, avec des personnages odieux mais attachants.

La musique est le véritable sujet du film. À coup d’électro et de techno, Quentin Dupieux rythme son histoire, à chaque pulsation, à chaque note. La présence de Marilyn Manson au casting, le petit favori de David Lynch marque l’emprunte d’un film où la musique est le véritable protagoniste. Chaque scène se déroule à coup de vibes violentes, comme un son qui cogne l’esprit et le cœur. Et le personnage principal, le flic Duke – interpreté par Mark Dunham, mène la danse. Wrong Cops est né de Wrong, ou plus précisément d’une envie folle de la part de Quentin Dupieux d’aller plus loin avec son personnage de flic. D’une scène d’une minute à ce long métrage, le réalisateur prolonge ses appétits de cinéma, aussi fort que ses pulsations de créations musicales. Décor fait de palmiers, voitures de policiers, Américaines en train de faire du sport, producteur de musique machiavélique et autoritaire, rêve de musicien raté, Quentin Dupieux dresse un tableau de la folie et peint des personnages aussi écorchés que le monde autour de lui, qu’il voit comme fou. 



Alors certains pourront lui reprocher d’être un poseur, d’en faire trop au profit d’une mode proche du clip allongé, de mixer sons et images à défaut de scénario et réalisation. Mais ce que fait Quentin Dupieux avec ce nouveau film, Wrong Cops, c’est jouer la carte de la continuité. Sa filmographie montre l’évolution que l’oiseau vit à chaque réalisation, jamais rassasié, toujours avide de création qu’elle soit filmique ou musicale. Presque fini, son prochain long métrage revient à une certaine « Réalité » et en porte le titre, avec Alain Chabat, Élodie Bouchez et Jonathan Lambert. Tourné en France, Mr Oizo n’a pas fini de voler d’un continent à l’autre, d’une langue à une autre, toujours avec un certain décalage.

Retrouvez tous les articles sur Quentin Dupieux, d’Il était une fois le cinéma : 

Quentin Dupieux, l’absurdité du vide
Quentin Dupieux, l’Art et la Matière. 

Titre original : Wrong Cops

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Durée : 85 mn


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