Vous avez dit cinéma ?

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« Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout ». Jean-Luc Godard. Retour sur les entrées et consommations ciné.

Un ménage sur cinq a un écran plat ou un home cinema dans son salon, les lecteurs et graveurs de DVD ont presque complètement remplacé les magnétoscopes, les cartes illimitées ont fait leur entrée sur le marché et font exploser les pratiques culturelles des français. Autour de la consommation et de l’évolution du marché de cinéma, qu’en est-il de l’envie des français ?

Une culture de l’écran

 

 

 

 

 

 

Entre télévision et ordinateur, difficile de ne pas résister à l’écran. Dans les années 1950, le cinéma est devenu la pratique préférée des français. Occasion pour sortir et se divertir, aller regarder un film avec ses amis et en couple n’avait rien d’exceptionnel. Progressivement, ce loisir intéresse les jeunes qui sont largement plus présents dans les salles que leurs aînés.

La télévision est arrivée, avec son divertissement et ses débats. Puis l’ordinateur, occupant une place de plus en plus importante dans les loisirs des français. Le cinéma, laissé de côté ? Contrairement aux idées reçues, l’augmentation des écrans de télévision et d’ordinateurs ont influencé la fréquentation des salles. Aller au cinéma est resté une pratique très appréciée des français. Elle ne cesse d’augmenter et de toucher tous les individus, des jeunes aux séniors. Véritable pratique collective, elle plaît à toutes les générations.

Plus aucune excuse !

Par rapport à 1993, les français sont plus nombreux à aller en salles. Petit changement sur le public du cinéma, 41% des français déclarent préférer les films français et 28% les films américains. Ces réponses varient en fonction de l’âge des personnes, les moins de 35 ans préférant les films US tandis que les plus de 45 ans les films de l’hexagone (chiffres issus de l’enquête Pratique culturelle des Français à l’ère numérique, Olivier Donnat). Les hommes sont plus nombreux à aller au cinéma étant jeunes tandis que les femmes ont une fréquentation des salles moins soutenue mais plus régulière au cours de leur vie.

Aller au cinéma est donc devenu une pratique multi générationnelle, touchant aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes et les moins jeunes. Les films à succès ont pourtant changé. Il s’agit des blockbusters américains et de quelques films français ou étrangers qui raflent toutes les entrées.

Allons voir de plus près d’où viennent ces changements de goûts

Avec nombre de mesures et réformes adoptées, de nouvelles techniques qui s`imposent et des tendances émergeantes, 2009 aura été une année capitale pour le septième art français, dessinant le paysage économique du cinéma de demain.

En 2009 encore, les blockbusters américains, les séquelles et les films à oscars ont trusté le podium des meilleurs résultats, mais la comédie française aura été également salvatrice, qu’il s’agisse des succès surprises de LOL, Neuilly sa mère, La Première étoile, Les Beaux gosses ou du bulldozer Le Petit Nicolas. A l’exception notable de Welcome et d’Un Prophète, le drame aura moins convaincu ; il semblerait désormais qu’un nom de réalisateur réputé ait moins de poids que la présence d’un acteur “bankable” (Guédiguian, Chabrol, Ozon, Téchiné et Leconte ont tous déçu en salle alors que Mélanie Laurent, Sophie Marceau, Sandrine Kiberlain ou Audrey Tautou se sont réaffirmées comme des valeurs sûres).

Seule la question de la diversité des nouveaux projets reste en suspens pour 2010. Avec la baisse de leurs revenus publicitaires, TF1 et M6 injecteront cette année moins d’argent dans la production (les chaînes publiques doivent investir 10% de ces revenus dans la création audiovisuelle). Seul le crédit d’impôt proposé par le CNC sera en mesure d’apaiser ces peines financières (il constitue un abattement fiscal de 20% sur certaines dépenses, et sous certaines conditions, pour les films tournés dans l’hexagone).

Mais ces bons résultats globaux ne doivent pas non plus occulter les profonds virages réglementaires qui ont été engagés cette année. Parmi eux, l’adoption de la nouvelle chronologie des médias a été entérinée par l’ensemble de la profession, à l’exception notable de la SACEM, toujours très perplexe quant a la viabilité de la réforme en termes créatifs et non plus seulement économiques. Désormais, la fenêtre d’exploitation en salles des films sera de quatre mois, idem pour la VOD payante, tandis que les délais pour la diffusion télévisuelle seront de dix mois (en première fenêtre) pour la TV payante et de vingt-deux à trente mois pour les chaînes publiques. Si les spectateurs auront désormais un accès facilité au cinéma, qui les incitera peut-être à abandonner les moyens d’accès détournés et illégaux, on peut s’inquiéter des conséquences probables sur les petits et moyens exploitants, de plus en plus asphyxiés par les grands groupes et les multiplexes.


La disparition de nombreux acteurs de la chaîne du film

Du côté de la distribution, enfin, les individualités s’effacent également peu à peu. De plus en plus d’alliances et de groupements d’intérêts sont fondés, afin de résister a la crise qui frappe l’amont de la chaîne du film. TF1 et Sony ont crée un GIE (Groupement d’intérêt économique) pour leur activité vidéo, Pathé UK vidéo et Warner Bros ont riposté en s’associant tandis que Dreamworks s’associe à Disney pour une distribution conjointe, source d’économies.

Bibliographie

  • Olivier Donnat, Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, Eléments de synthèse, 1997-2008.
  • Martin Khur, La chronologie des médias en pleine évolution, Enjeux et défis, dans Iris Plus.
  • Lettres 62 (mars 2009) et Lettre 65 (juin 2009) du CNC, disponible sur internet.


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