Une histoire de famille (Then she found me)

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Présenté en clôture du festival du cinéma américain de Deauville, le premier film de et avec Helen Hunt peine à satisfaire toutes les ambitions qu´il s´est fixées.

Comment présenter Then She found me sans s’emmêler ni étourdir ? La prouesse repose sur un choix : céder la priorité à l’un des (nombreux) éléments du scénario. Le premier film d’Helen Hunt-réalisatrice, comédie romantico-dramatique qui pourrait sobrement se résumer en une « histoire de famille » (heureusement que le titre français simplifie les choses !), se concentre autour d’April Epner, une institutrice à l’aube de la quarantaine, sur qui les événements vont brutalement se déchaîner. En moins d’une heure et demi, la pauvre héroïne va perdre son époux, sa mère, retrouver un époux, une mère, et enfin vouloir être mère à son tour…

Le roman d’Elinor Lipman hantait depuis longtemps le penchant d’Helen Hunt pour la réalisation. Dix ans après sa publication, l’actrice s’est appropriée l’histoire au point de la défendre sur tous les fronts : elle réalise, interprète, produit et coscénarise son adaptation. Porté sur les écrans grâce au cinéma indépendant américain, Then she found souffre paradoxalement de l’enthousiasme de Helen Hunt pour son projet. Traité avec justesse et sensibilité, le scénario n’en ressort pas moins surchargé. Plusieurs sujets tenaient à cœur à la réalisatrice (le désir d’enfant, retrouver l’amour après un divorce), qui a cru bon d’incruster de nouvelles péripéties dans le script originel (une femme rencontre sa mère adoptive). L’ambition scénaristique, davantage appropriée pour l’écriture d’une saison sérielle, peut difficilement être supportée par un unique long-métrage.

La conséquence directe de ce déséquilibre se ressent auprès des personnages. Freinée par un parcours alambiqué, la profondeur de leur caractère reste suggérée. Ainsi, projetée sans artifices devant la caméra – exit fonds de teint et eye liner – Helen Hunt donne vie à une héroïne quasi quarantenaire, touchante et réaliste, mais dont la personnalité se dilue au fur et à mesure de ses problèmes. Colin Firth (le nouveau petit-ami d’April) et Bette Midler (sa mère biologique), servent le film d’un humour respectivement contenu et extravagant, qu’il aurait été intéressant d’épaissir. L’appartenance religieuse d’April, croyante juive, lui confère une dimension supplémentaire. Elle aurait également mérité davantage d’attention si le scénario n’avait pas déjà été si saturé.

Then she found me
sonne juste. Les interprétations comme les intentions sont sincères. La caméra de Helen Hunt se pose sensiblement sur des existences pudiques. Dommage que la générosité de la néoréalisatrice se soit concentrée en un seul film, finalement trop chargé pour être original et trop rapide pour être inoubliable.

Titre original : Then She Found me

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