Trashed

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« Trashed » de Candida Brandy est un film documentaire très modéré mais portant une étiquette branchée dite << écologique >>.

La bande annonce publicitaire autour de Trashed réveille un appétit typique chez le spectateur-consommateur : comment toujours ahurir le public en parlant de la destruction de notre planète ? Avec sa mission de médiation culturelle des problèmes écologiques le film est incapable d’élever son spectateur au-dessus d’une simple curiosité. Il ressemble à ces flux d’images que l’on voit parfois balayer sur les réseaux sociaux où, avec du voyeurisme malsain, nous sommes amenés à scruter des animaux s’étouffant avec des sacs jetables. S’éberluer devant des montagnes de déchets de quarante mètres de hauteur sur les plages de Beyrouth, s’étonner devant des séquences entières dédiées à la « soupe en plastique » est un nouveau divertissement décent qui est très à la mode aujourd’hui étant décoré d’une étiquette dite « écolo ».
 

Une écologie responsable nous concerne tous, certes. Mais au lieu de laisser le spectateur seul face aux lieux ravagés et aux enfants malformés afin de suggérer sa responsabilité indirecte, la réalisatrice de Trashed fait le choix malheureux d’appuyer ses convictions par des commentaires en voix-off et interviews banales, qui adoptent parfaitement le format de la diffusion télévisée où on aime tant expliquer les images de façon propagandiste. Sa fascination devant les entassements d’ordures atteste de la nouvelle prouesse de la civilisation contemporaine sur laquelle se promène un témoin célèbre, Jeremy Irons, comédien oscarisé, qui ne cesse de répéter que « la pollution est à la responsabilité de chacun ». Sauf que lui, habillé en bottes de pluie et en chapeau de paille, marchant sur les montagnes démesurées de « trash » (« poubelles » en anglais), donne l’impression d’un citadin fashionista pathétique qui atterrit à la campagne, comme porté par le souffle du vent de la mode.
 

La question de l’autodestruction de notre planète et de la civilisation humaine, abordée depuis un bon moment, est souvent représentée par de nombreux films et séries portant sur les zombies, les monstres, les illuminatis, les guerres et les épidémies. Le cinéma documentaire s’y met également en apportant toute une chaîne de productions avec des gros budgets, une qualité d’image exceptionnelle et un casting de vedettes : Mélanie Laurent et Demain (2015), Leonardo Di Caprio et Before the flood, paru il y a quelques jours sur tous les réseaux sociaux, Ouragan de Cyril Barbançon et Andy Byat (2015). Hélas, ces réalisations campent parmi celles qui laissent le spectateur profondément indifférent. Il n’est pas question de juger l’éthique de ces films, qui sont absolument nécessaires pour provoquer d’épineuses polémiques dans la société et attirer le regard de ceux qui portent le pouvoir entre leurs mains. Pourtant, en tant qu’œuvre cinématographique, le documentaire dit « bio » ou « écologique » reste malheureusement primitif dans son langage cinématographique en empruntant la majorité de ses méthodes au langage des talk-show télévisés. Il lui reste encore beaucoup de chemin à faire pour quitter cette niche plate et purement pragmatique afin de transformer – à l’instar d’une nouvelle génération des séries télévisées d’un très haut niveau de qualité et réalisées par les plus grands réalisateurs – la quantité en qualité.

Titre original : Trashed

Réalisateur :

Acteurs :

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Durée : 98 mn


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