Sans surprise mais efficace, « The Wave » se différencie d´autres films de genre par son ancrage : la Norvège.
Nous sommes à l’ouest de la Norvège, dans la petite ville de Geiranger, nichée au cœur d’un fjord et surplombée par une montagne, l’Akerneset, imposante et somptueuse géographie surveillée de près par des scientifiques. Pour cause, dans cette fiction, comme dans la réalité, ceux-ci prévoient un jour un glissement de terrain (déjà arrivé en 1934) qui provoquerait un tsunami d’une vague de quatre-vingt mètres de haut, résultant de l’élargissement annuel inéluctable et grandissant de failles qui soutiennent la montagne. Comment ne pas voir dans ces données et ce cadre l’occasion de développer un film, qui plus est de genre catastrophe ? C’est chose faite par Roar Uthaug, déjà réalisateur de longs métrages maniant horreur et penchants apocalyptiques avec une certaine efficacité et le goût du spectacle (Cold Prey, 2006, Escape, 2012).
Dans cette vallée pittoresque et fidèle à l’image d’Epinal, nous suivons une famille heureuse et pimpante s’apprêtant à quitter Geiranger pour la métropole – décision difficile pour Kristian, géologue qui surveille la montagne nuit et jour et peine à s’en détacher. Autour de sa passion pour l’environnement dans lequel il vit, se profile la catastrophe : dans un poste de travail sur les hauteurs bien au-dessus de la vallée, il accorde une attention très minutieuse, aux côtés de ses collègues qui partagent volontiers son obsession, aux schémas et graphiques analysant en temps réel les mouvements et la vie des falaises. A l’opposé de cette tour de contrôle, un charmant hôtel dans lequel travail Idun, sa femme, est situé, lui, en bord de rive. Dès le début, le cinéaste détermine spatialement le parcours et une partie des ressorts de l’intrigue de son film : la montagne qui va précipiter le tsunami, la ville enclavée et menacée représentée par l’hôtel ; entre les deux, une série de routes tourbillonnantes que les habitants emprunteront pour gagner des dénivelés afin d’essayer d’échapper à la vague.
Roar Uthaug dote cette disposition spatiale et dramatique prévisible mais à la maîtrise bien rôdée, d’un suspense propre au genre : ici, l’information selon laquelle les habitants ne disposeront que de dix minutes pour fuir avant que la vague ne déferle devient le compte à rebours à même d’annoncer la catastrophe et de développer l’action. L’ensemble repose sur un mécanisme opératique hollywoodien mêlant effets spéciaux et pathos de rigueur. La famille est – naturellement – séparée après le tsunami et Kristian se met à la recherche de ses proches disparus. Cette vague qui recouvre tout devient l’enjeu dramatique de survie, à l’image de scènes de pièges dans l’eau qui ne sont pas sans rappeler les cabines noyées du bateau de Titanic (James Cameron, 1997). Ce type de scènes, qui ne fait pas l’économie d’une issue en happy end fidèle au genre, se développe parfois au gré d’une mise en image archétypique qui vire au comique. Cependant, l’oeuvre possède une réelle dynamique visuelle : les filtres chromatiques froids et bleutés, retrouvés si souvent dans des univers menacés d’une forme de fin des mondes, servent ici au contraire l’exotisme du paysage, la Norvège, et ce lieu singulier est la véritable âme du film. Le jeu d’acteurs y est plus sincère et attachant que certaines figures de leurs homologues américains. The Wave retient l’attention sans trop de manipulation, et peut se voir comme un divertissement à grand spectacle qui, bien que redistribuant peu les cartes du genre, possède néanmoins une réelle personnalité.
Le cinéma transalpin est jalonné de francs-tireurs forgés tout du long par une intime conviction de la réalité socio-historique de leur pays. Carlo Lizzani est de ceux-là qui se fit un devoir de débusquer l’hydre du fascisme dans nombre de ses films. La cinémathèque lui rend un hommage appuyé du 2 mai au 24 mai. L’occasion de faire découvrir et réhabiliter un cinéaste militant consacré par ses pairs. Focus sur « La chronique des pauvres amants qui lui valut le prix international du Jury à cannes en 1954…
Comment survivre dans le ghetto de Varsovie, ensuite vidé par les nazis en 1942-1943, puis vivre coupé du monde après pendant des mois: c’est ce que montre le film de Roman Polanski à partir de l’expérience du pianiste Władysław Szpilman dans un film aussi bouleversant qu’éclairant sur la nature profonde de l’humanité.