Sublimes créatures

Article écrit par

Shannen Doherty n´a qu´à bien se tenir.

Alors que les nuits d’Ethan sont hantées par le spectre d’une silhouette diaphane et chevelue, une nouvelle élève débarque en cours. Ethan est sous le charme. Serait-ce elle ? Cette mystérieuse inconnue aux cheveux fous ? Malheureusement, Lena Duchannes a d’autres chats à fouetter, un oncle surprotecteur… et un très gros problème. À ses seize ans, elle saura si oui ou non, ses pouvoirs seront dévolus au Bien ou au Mal.

Adaptée du roman 16 lunes (en anglais : Beautiful Creatures, premier tome de la série de Kami Garcia et Margaret Stohl, 2009), l’intrigue annonce la couleur de ce teenage movie de série B qu’on croirait parfois réalisé par Mel Brooks tant le kitsch assumé de la mise en scène arracherait des fous rires aux plus tristes sirs. Ce qui distrait toutefois indépendamment de la volonté du réalisateur pendant vingt minutes lasse sur près de deux heures, et il était optimiste de la part de Richard LaGravenese de penser qu’un épisode de Charmed puisse décemment durer 1h58 sans qu’à aucun moment n’éclate le ridicule de ses démons en PVC. Pourtant, et même si les flammèches oranges brûlent bel et bien dans les yeux des enchanteresses, point de masque en caoutchouc ici, seulement un amas d’énormes ficelles tirées sans ménagement pour le spectateur. On ne devrait en effet jamais jeter un sort d’amnésie partielle à son petit copain sans se préoccuper de la réaction des camarades, qui, eux, sont censés se souvenir de tout, de même qu’on ne devrait jamais se débarrasser d’un personnage au cours d’une séquence quand on estime qu’il encombre le paysage.

Du travail à moitié fait, donc, jusque dans son anti-américanisme de bistrot : conte gothique pour ados oblige, il fallait bien casser – avec raison gardée – de la bigote et de la cheerleader. C’est d’ailleurs un des rares intérêts du film, visiblement spécialement conçu à destination des adolescenTES : aller chercher une actrice principale (Alice Englert) plutôt déconnectée – avec raison gardée – des canons habituels de la joliesse, pour la coller, par contre, dans les bras d’un insupportable minaudeur (Alden Ehrenreich) à qui elle apprend à lire Bukowski. La subversion s’arrête là. Son activisme pseudo romantique et ténébreux hérité tout à la fois du pire Tim Burton, de la saga Twilight, et de Lady Gaga – le titre, imputable à celui du roman, sonnant d’ailleurs comme une de ses chansons – est symptomatique des grosses productions qui prétendent promouvoir l’étrange et lutter contre la norme en l’entretenant néanmoins consciencieusement. Les amateurs de bluettes compliquées et de premiers émois littéraires préfèreront certainement revoir le récent Monde de Charlie de Stephen Chbosky…

Titre original : Beautiful Creatures

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Durée : 124 mn


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