Rétrospective de John Landis à la cinémathèque – Du 28 janvier au 28 février 2009

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Le mois dernier, la cinémathèque a consacré un mois de rétrospective à l´un des réalisateurs les plus surprenants de son époque : John Landis.

A trente ans, il avait déjà tourné une filmographie solide, et pouvait se vanter d’être l’un des meilleurs d’Hollywood, notamment avec sa remarquable réalisation des Blues Brothers (1980), un road movie musical monumental, avec au casting, John Belushi et Dan Aykroyd.  Ceux qui ne sont pas cinéphiles reconnaîtront la patte de John Landis dans le célébrissime vidéoclip de Michael Jackson, Thriller (1983).

En vraie bête de travail, Landis commence sa carrière très tôt à la Fox, d’abord engagé en tant que coursier, puis pour diriger la deuxième équipe de De l’or pour les braves (Kelly’s Heroes, de Brian G. Hutton, 1969), en Yougoslavie. Il reste en Europe, et enchaîne avec quelques 70 tournages en étant tout à la fois acteur, cascadeur et répétiteur de dialogues.

Nous n’avons pas manqué de (re)voir à la cinémathèque son premier film Schlock (1973), réalisé après son escapade européenne en 1973. C’est une parodie de film d’horreur, mettant en scène une étrange créature, le « schlocktropus » – gorille tueur en série, qui signe ses crimes d’une peau de banane. On y décerne déjà les germes de son style gagesque, son exubérance dans le genre et une certaine jouissance enfantine. Son deuxième long métrage, Hamburger film sandwich (The Kentucky Fried Movie, 1977), accentue son style. Il s’agit d’une suite de sketchs très courts, qui parodient aussi bien les films de karaté (à la Bruce Lee), que les spots publicitaires. Enfant de la télévision, John Landis y adopte presque le mode télévisuel et frôlerait l’amateurisme s’il n’y dévoilait un sens certain de l’autodérision. À titre d’exemple, dans l’un des sketchs, pendant qu’un couple fait l’amour devant son poste de télévision, le présentateur et l’équipe technique de l’émission semblent les suivre attentivement de leur écran.

John Landis n’hésite pas à se mettre en scène (c’est lui qui joue le gorille dans Schlock), et témoigne de beaucoup de courage en se mettant en abyme et en se moquant de la réalité qu’il vient de créer. Il admet volontiers que certains de ses films sont de grands échecs commerciaux, mais ne perd pas son optimisme pour autant. Après l’accident malheureux sur le tournage d’un des quatre épisodes de La Quatrième Dimension, la réalisation n’est plus pareille, avoue-t-il.

      

L’humour de Landis est un humour à gros traits, qui ne connait pas la finesse. C’est l’exagération, la surabondance et l’exploitation d’un gag jusqu’à l’usure, comme dans Les Trois amigos (1986). On a presque pitié pour les trois comédiens déguisés en cowboys américains, qui jouent comme de vrais idiots devant les méchants bandits commandés par El Guapo, mais le rire nous prend plus volontiers. Cette contamination par le rire nous suit tout du long d’ailleurs, jusqu’à ce qu’on exulte comme les enfants devant le septième art, qui est aussi un des sujets du film. On rit car on partage cet amour qu’il a pour le cinéma, on rit parce qu’on se laisse bercer par l’univers loufoque inventé par John Landis.  

Son parcours de réalisateur de comédies et de films d’horreur, ou d’un mélange des deux, tel qu’il est affirmé dans son célèbre Le Loup-garou de Londres, place John Landis parmi les réalisateurs les plus atypiques de l’époque. C’est un réalisateur qui suit son flair, son instinct en adaptant les règles cinématographiques à sa façon. Dans une de ses interviews, il avoue qu’il n’a pas peur des monstres, mais des hommes. Les hommes possèdent une certaine bestialité dont ils sont prisonniers, à laquelle le cinéma quasi-surréaliste de Landis donne une forme. Cette bestialité s’exprime aussi à travers un érotisme exhibitionniste, parcourant les films du réalisateur d’une manière assez naturelle. Quelques épisodes de la fameuse série de la télévision Dream On (1990), ainsi que les deux épisodes de Masters of Horror (2006), projetés ce mois-ci à la cinémathèque, valent aussi le détour. Se laissera-t-on contaminer par le cinéma de John Landis ?

     


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