L’Étrange Festival : majeur et pas encore calmé

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L´Étrange Festival de Paris fête ses 18 ans, et mérite plus que jamais son nom. Du 6 au 16 septembre, c´est plus d´une centaine de projections azimutées qui vous attend au Forum des images. Présentation.

S’il est plus proche de la vingtaine que de la majorité (la manifestation a en fait été créée en 1993, et annulée deux années durant pendant les travaux au Forum des images), l’Étrange Festival a toutefois atteint l’âge adulte depuis bien longtemps. Les aficionados de l’évènement le savent, l’Étrange est devenue une adresse de choix pour déterrer des classiques d’un autre monde, sentir les tendances d’un cinéma mondial parallèle et insoupçonné par les médias, un endroit où le bon goût cinéphile le dispute à l’irrévérence. Avant tout dédié au cinéma de genre, le festival n’a, cette année encore, que faire des étiquettes et du glamour, continuant encore et encore sa mission d’ordre public, qui est, comme l’indique le communiqué de presse de cette 18e édition, de « défier les normes ».

Qui dit défis, dit rebelles, et la liste des invités qui seront présents au Forum des images entre le 6 et le 16 septembre est plutôt chargée en la matière : hommage sera tout d’abord rendu au pape du cinéma underground expérimental, Kenneth Anger. À 85 ans, ce pionnier du court métrage, fondu de sorcellerie, viendra présenter une rétrospective de son œuvre, un ciné-concert, une carte blanche et une projection-débat animée par l’un de ses plus grands fans, Nicolas Winding Refn. Imperméable aux normes, le réalisateur Jan Kounen a eu lui aussi l’opportunité de choisir une poignée d’incunables qu’il présentera lui-même (comme le méconnu Mort sur le grill de Sam Raimi, réalisé en 1985), assortis de certains de ses propres courts métrages. Deux jeunes cinéastes aux univers uniques, Alexander Vartanov et Ben Wheatley (l’auteur du remarqué Kill List l’année dernière) feront également partie des invités présents pour rencontrer le public.
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Berberian Sound Studio de Peter Strickland

Comme chaque année, quarante-cinq courts métrages venus du monde entier seront par ailleurs en compétition, et les Pépites de l’Étrange pourront encore surprendre les plus blasés des cinéphages, avec des pellicules oubliées ou improbables comme The Mutations (Jack Cardiff, 1974) ou Les Vies de Loulou (1990) de Bigas Luna.

Mais le gros morceau, c’est incontestablement du côté de la compétition et des avant-premières qu’on le trouve. Près de trente-cinq longs métrages inédits vont se disputer les faveurs des festivaliers. Certains ont déjà fait parler d’eux dans d’autres festivals, comme le dernier film d’Alex de la Iglesia, Un jour de chance, ou le grand spectacle SF et très bis Iron Sky (Timo Vuorensola), avec ses nazis établis sur la Lune. Parmi les curiosités à surveiller de près, on citera entre autres le premier essai du fils Cronenberg, Antiviral, dont les premières images évoquent beaucoup la première partie de carrière du père ; le très attendu Insensibles (Juan Carlos Medina), film fantastique à l’ombre de la Seconde Guerre mondiale ; l’hommage sophistiqué au giallo qu’est Berberian Sound Studio (Peter Strickland) ; ou encore le thriller à suspense venu de Suède, Headhunters (Morten Tyldum), nouvelle perle scandinave dont les droits d’adaptation ont déjà été rachetés à Hollywood.

La liste est longue, passionnante autant qu’étonnante (on ne sera par exemple surpris de voir un film indien, Eega de S.S. Rajamouli, parlant d’un homme réincarné en mouche… et qui réclame vengeance !). Elle est complétée par divers focus tout aussi originaux, l’un consacré au genre dit « de perception pure », à travers les documentaires entièrement muets et d’une beauté écrasante de Ron Fricke (dont le dernier travail, Samsara, sera présenté en première française), l’autre à une thématique « Motorpsycho » au doux parfum d’essence : ce sera notamment l’occasion de voir sur grand écran le classique ayant inspiré Drive (Driver de Walter Hill, 1979), le 60 secondes chrono originel (La Grande casse – Henry Blight Halicki, 1974) ou encore le déroutant Cheval de fer réalisé en 1974 par Pierre-William Glenn, qui sera lui aussi présent. Pour les plus acharnés, les soirées du samedi se termineront tard dans la nuit, avec deux programmations spécial zombies et cinéma de genre anglais.

On fait le bilan ? Quatre-vingts longs métrages de fiction, des dizaines de courts, des expositions, des concerts, des rencontres jusqu’au bout de la nuit : un programme dantesque vous attend au Forum des images, et Il était une fois le cinéma sera là pour en faire revivre les meilleurs moments. Bonnes projections !

 

Antiviral de Brandon Cronenberg
Plus d’infos : www.etrange-festival.com
 


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