Les Fils de l’homme (Children of men)

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Adapté d’un roman de P.D. James, Les Fils de l’Homme nous plonge dans l’univers futuriste du Londres de 2027, étrangement réaliste. Le spectateur se retrouve alors dans un monde où plus rien ne pousse, surtout pas les nouveau-nés, la société étant devenue totalement stérile. La plus jeune âgée d’un peu plus de 18 ans vient […]

Adapté d’un roman de P.D. James, Les Fils de l’Homme nous plonge dans l’univers futuriste du Londres de 2027, étrangement réaliste. Le spectateur se retrouve alors dans un monde où plus rien ne pousse, surtout pas les nouveau-nés, la société étant devenue totalement stérile. La plus jeune âgée d’un peu plus de 18 ans vient de mourir. La Terre n’a plus rien à donner. La population vieillit et aucune autre génération ne vient prendre le relais. « A mesure que les cours de récréation se taisaient, le désespoir s’installait ». 2027 où la vie humaine n’a plus vraiment de prix, de poids, si ce n’est celle d’un enfant. C’est grâce à lui que l’espoir renait…

La noirceur du récit et surtout le réalisme qu’il incarne donnent un sentiment d’actualité à cette histoire qui nous vient du futur. Les thématiques présentes en 2027 résultent de ce qui se joue, est en train de se jouer aujourd’hui même. C’est notre peur de l’avenir, de l’évolution de l’humanité, qui s’inscrit et se transpose à l’écran. Peur d’un monde où l’on assisterait à la déchéance de l’humanité, voire même à sa déshumanisation. Un monde où tout espoir aurait disparu.

Alfonso Cuaron traite de manière très intéressante et intelligente ces divers sujets. Là où il aurait pu nous livrer un film de pure science-fiction auquel on n’aurait pas cru, il rend le futur presque plus réaliste que le présent. En s’attachant au moindre détail, le réalisateur transforme cet univers dans lequel il nous projette, en un véritable monde plausible. Ce futur qu’il nous présente est suffisamment proche pour qu’il nous soit familier. Les références, notamment iconographiques, au monde réel sont très nombreuses. Pour que le film souhaité soit crédible, cet environnement très réaliste devait être nécessaire. « En ce qui concerne ce qu’on voit, on a décidé de ne pas montrer le futur, mais de reconnaître le présent », explique Alfonso Cuaron. C’est dans cet attachement aux détails réalistes que le film puise sa force, ainsi que dans son rythme haletant. Les nombreux plans-séquences où le spectateur vit le film à travers le regard de Théo Faron, le personnage principal, nous donne la sensation de vivre l’action en direct. On est au cœur même du mouvement tel ce sang qui gicle sur la caméra lors de cette course au cœur de Bexhil, immense camp pour réfugiés.

Tout ceci rend alors le film très prenant et entraine le spectateur dans la folle course contre la montre à laquelle participe Théo, cet anti-héros, très maladroit et absolument attachant qui se retrouve en tongs au moment où il doit « sauver » l’humanité. Ce type tout à fait ordinaire essaie de s’investir dans cette réalité qui le dépasse ; très impliqué politiquement lorsqu’il était jeune, il est devenu un homme enfermé dans un boulot minable et inintéressant navigant entre alcool et clopes. Il appartient à cette partie de l’humanité qui a baissé les bras, pour qui rien n’a d’importance. Cynique sur tout et avec tous, c’est pourtant sur ses épaules, et sur celles de Kee, que tous les espoirs vont désormais reposer. Petit à petit, au fil de l’histoire, il va lui-même se réveiller, retrouvant aussi espoir et foi en l’avenir et l’espèce humaine.

En parlant de foi justement, on a parfois le sentiment d’une dimension quelque peu mystique, comme si la Vierge Marie était de retour dans un monde d’apocalypse. Cette symbolique n’est pas de trop comme on pourrait l’imaginer. Le film l’aborde de belle manière sans tomber dans une part de religieux qui n’aurait pas sa place ici. Il l’effleure seulement et sans y voir un très fort rapprochement à la religion, c’est une belle manière qu’a trouvé ici le réalisateur pour faire apparaître l’espoir renaissant dans un monde où le chaos règne en maître et où le désespoir semble être de rigueur.

Les Fils de l’Homme a-t-il donc une dimension politique ? Selon moi, oui. Ou alors si ce n’est politique cette dimension relève du moins d’une réflexion philosophique. Alfonso Cuaron essaie, par le biais de son film, de renvoyer l’Homme à ses propres démons, afin qu’il s’interroge sur l’avenir (très proche) qu’il est en train de mettre en place, de se créer lui-même, pour lui-même. L’humanité est-elle vouée au désenchantement ou alors l’espoir que fait apparaître Alfonso Cuaron sera-t-il un jour capable de lui redonner la force nécessaire à sa survie?


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