Le teen movie US, part II

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Sept déclinaisons du genre et autant de rites adolescents.

Dans les couloirs du lycée américain est né le concept d’adolescence, devenu par la suite groupe social grâce à James Dean ainsi que public fétiche d’une industrie hollywoodienne florissante. Il est parfois difficile de distinguer la pépite parmi des produits réalisés à la chaîne qui flattent bêtement les instincts de rire gras adolescents. Le teen movie est un genre poreux, difficile à réussir parce que s’appuyant sur un équilibre précaire entre humour ballot/balourd et délicatesse du portrait humain. Le stéréotype y est obligatoire puisque la naissance de l’individualité semble en passer par là.

Après un Coin du cinéphile consacré à quelques-uns de ses films fondateurs (dont The Breakfast Club, ouvertement cité dans trois films de ce corpus), il nous a semblé intéressant de scruter parmi des productions plus récentes : on y a trouvé quatre films n’ayant pas eu de distribution en salles françaises, un succès surprise au box office américain, un film tiré d’un roman ayant inspiré une série et enfin une des comédies préférées de Quentin Tarantino ! Il y a dans Detention (Joseph Kahn, 2011), Easy Girl (Will Gluck, 2011), The Hit Girls (Jason Moore, 2012) et The Sex List (Maggie Carey, 2013) des traces référentielles plutôt fortes, où le rire vient à la fois des situations, mais également d’un méta-texte souvent tourné vers le passé historique du genre. D’un autre côté, le teen movie peut s’envisager comme une captation plus atmosphérique, pas tout à fait dramatique, mais déjà plus mélancolique – Génération rebelle (Richard Linklater, 1993), Friday Night Lights (Peter Berg, 2004) et The Myth of the American Sleepover (David Robert Mitchell, 2010) sont les représentants de cette lignée.

Mais la caractéristique importante de cette vague récente de films est qu’ils s’adressent moins aux ados qu’ils représentent qu’à un public âgé de 20 à 30 ans, voire davantage. Le décalage entre époque de production et époque recréée (Génération rebelle ; The Sex List) en est un des signes. Comme le dit l’héroïne de The Sex List, la nostalgie est souvent une affaire d’adultes : “Teenagers don’t have regrets. That’s for your 30”.

À lire : Le teen movie US, par Justin Kwedi.


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