Le Capital va au plus simple, fait au plus vite sans se demander un seul instant si quelqu’un le suit encore. On comprend tout et rien à l’intrigue et toutes les figures qui apparaîtront à l’image – féminines pour la plupart – feront des pieds et des mains pour y exister ne serait-ce qu’un instant ; quitte pour cela à tapiner. Pour qu’une talentueuse analyste financière (Céline Sallette) intéresse Marc, il faut qu’elle passe la langue au ralenti sur ses lèvres humectées de lait. Si sa femme est très rapidement évincée – pull en laine et maquillage approximatif –, c’est que la sublime top-model (Liya Kebede) qu’il traque en jet privé à travers le monde est aussi belle qu’un paquet de stock-options. On ne s’attache à aucune de ces femmes car Costa-Gavras n’est jamais prêt à faire de son personnage principal un vrai anti-héros. Il s’amuse beaucoup trop des horreurs que commet Marc pour permettre à celles qui l’entourent d’avoir dans son écran un peu de souffle. Lorsque Diane demande à son mari ce qu’est la conjoncture, on sent dans la réponse – "Une grosse pute !" – que le cinéaste jouit de ce geste daté faussement provocateur reliant crûment fric et sexe. Alors que la première partie a tout de "la crise pour les nuls", la seconde arrive dans une confuse gymnastique à relier l’état de l’économie mondiale à ce qui se passe sous la ceinture du personnage de Marc. La conclusion est dans les deux cas la même : rien ne va plus. Ne cernant jamais vraiment les intentions de Costa-Gavras, quand Gad Elmaleh se retourne dans un dernier plan en direction du public pour lui adresser une conclusion digne du plus simpliste conte moral, on ne peut s’empêcher de penser à Obélix et Compagnie et à la phrase abrutissante qui vient y conclure chaque démonstration alambiquée : "Toi y en a compris" ?
Le Capital
Article écrit par Fabien Alloin
Déguisé en banquier, Gad Elmaleh fonce sans se retourner dans le joli mur que lui a construit Costa-Gavras.