Last days

Article écrit par

Apparentée à un cataclysme pour ses nombreux fans, la disparition de Kurt Cobain a longtemps défrayé la chronique et a inspiré Gus Van Sant qui s’est attelé à imaginer les dernières heures du leader mythique de Nirvana à travers celles d’une star nommée Blake. Une mine apathique, des cheveux hirsutes, une gestuelle dégingandée. Blake est […]

Apparentée à un cataclysme pour ses nombreux fans, la disparition de Kurt Cobain a longtemps défrayé la chronique et a inspiré Gus Van Sant qui s’est attelé à imaginer les dernières heures du leader mythique de Nirvana à travers celles d’une star nommée Blake.

Une mine apathique, des cheveux hirsutes, une gestuelle dégingandée. Blake est recru de fatigue et surtout de son succès. Pour vivre heureux, vivons cachés. Le jeune homme se voit alors contraint à l’exil, à la recherche de la quiétude. Le chanteur s’enferme dans une thébaïde et se réfugie dans la forêt, sous les dômes de verdure. Mais la paix est difficile à trouver : la nature est déflorée par le passage d’un train et le papier peint de sa maison se déchire peu à peu, lui rappelant sans cesse le caractère fragile de sa propre existence. La mort approche et Blake passe son temps à psalmodier des paroles incompréhensibles et à déambuler tel un spectre dépenaillé mais séraphique.

La tristesse est omniprésente. Aucune échappatoire possible ici-bas. L’entourage de Blake est traître. L’homme vit dans un état de profonde solitude. Pas de polémique, ni de discours prolixe. La musique a supplanté le verbe pour exprimer la poésie, le lyrisme ainsi que d’atroces souffrances. Last Days offre un véritable morceau de bravoure : d’une main experte, le chanteur s’empare de sa guitare et nous ensorcelle d’une voix et d’une musique empreintes de déchirements. Une alchimie de la douleur émane du film de Gus Van Sant. Le cinéaste présente le chanteur comme un de ces artistes qui peinent à marcher sur terre à cause de leurs ailes géantes, traînant sur un sol dur et inhospitalier.

La léthargie s’est emparée du corps du chanteur pour l’éternité mais le défunt est parti tel un être bercé par un chant empli de félicité. Son ascension est souveraine, à l’image du drame de Gus Van Sant qui, avec une élégance toute singulière, a maîtrisé l’art d’évoquer le crépuscule d’un des plus grands mythes du rock.

Titre original : Last days

Réalisateur :

Acteurs : , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 95 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Journal intime

Journal intime

Adapté librement du roman de Vasco Pratolini, « Cronaca familiare » (chronique familiale), « Journal intime » est considéré à juste titre par la critique comme le chef d’œuvre superlatif de Zurlini. Par une purge émotionnelle, le cinéaste par excellence du sentiment rentré décante une relation fraternelle et en crève l’abcès mortifère.

Été violent

Été violent

« Eté violent » est le fruit d’une maturité filmique. Affublé d’une réputation de cinéaste difficilement malléable, Zurlini traverse des périodes tempétueuses où son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Cet été
violent est le produit d’un hiatus de trois ans. Le film traite d’une année-charnière qui voit la chute du fascisme tandis que les bouleversements socio-politiques qui s’ensuivent dans la péninsule transalpine condensent une imagerie qui fait sa richesse.

Le Désert des tartares

Le Désert des tartares

Antithèse du drame épique dans son refus du spectaculaire, « Le désert des Tartares » apparaît comme une œuvre à combustion lente, chant du cygne de Valerio Zurlini dans son adaptation du roman éponyme de Dino Buzzati. Mélodrame de l’étiquette militaire, le film offre un écrin visuel grandiose à la lancinante déshumanisation qui s’y joue ; donnant corps à l’abstraction surréaliste de Buzzati.