L’Amour dure trois ans

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Une comédie à l’image de son réalisateur : branchée, bobo, un brin loufoque, tentant d’être déjantée… au final plutôt agréable à regarder.

Il faut le dire, L’amour dure trois ans part sur de très mauvaises bases : trop branché, trop nombriliste, trop prétentieux… La liste des acteurs « in » du moment est longue (Elisa Sednaoui, Louise Bourgoin, Gaspard Proust, Frédérique Bel, JoeyStarr…) tout comme celle des lieux « bobos » que fréquente le personnage principal, avatar sur l’écran du réalisateur (Le Montana, l’hôtel Amour…) Bref, les postulats d’une comédie bobo-parisienne sont tous là ! Mais de façon rassurante, après tout, on vient bien voir le film d’un des bobo-branchés parisiens les plus connus, non ?

Ce bobo de Frédéric Beigbeder a quand même eu le culot d’adapter son propre livre à l’écran. Exercice d’équilibriste qui a quand même l’avantage de laisser de la liberté au réalisateur-écrivain. Première difficulté, L’amour dure trois ans en livre est une succession de réflexions sur l’amour, le mariage, le divorce… où clairement il ne se passe pas grand-chose. Un best-seller qu’il fallait fortement scénariser pour en réussir l’adaptation à l’écran. Première difficulté franchie avec brio, puisque les trois scénaristes ont eu la bonne idée de mettre en abîme le livre lui-même et de recréer une histoire en gardant le même fil directeur.

On se laisse agréablement surprendre par le début du film, l’histoire est filmée de façon enlevée, pétillante même et les idées de mise en scène sont bonnes. Mais très rapidement, on sent l’inexpérience du réalisateur. Fan inconditionnel de Woody Allen, Frédéric Beigbeder copie et utilise à outrance la voix-off et l’adresse directe aux spectateurs ce qui alourdit le film. Le jeu de Gaspard Proust (Marc Marronnier, le personnage principal) qui ne sonne pas juste, voire parfois complètement faux, n’arrange en rien l’utilisation de cette adresse au public. Mais, peut-être que ce jeu maladroit est une demande du réalisateur, on laisse à Gaspard Proust le bénéfice du doute…

Autre souci, Frédéric Beigbeder ne réussit pas à éviter la surenchère du verbeux. Certes, on retrouve son ton, et il est plaisant de voir l’auteur rester fidèle à lui-même en passant de l’écrit à l’oral. Mais, les dialogues sont trop théâtralisés et les acteurs se mettent parfois à parler comme dans ses livres. Dommage, car si les dialogues fonctionnent bien pour faire rire, ils tuent dans l’œuf les scènes d’émotion et de passion amoureuse. Et de ce fait, le film passe finalement à côté de son histoire d’amour alors que c’est quand même le sujet principal.

Malgré tout, L’amour dure trois ans reste un très bon divertissement. Il est d’abord porté par un casting,  branché certes, mais efficace (exception faite pour le personnage principal). Louise Bourgoin montre qu’elle est l’une des seules actrices françaises à être sexy et drôle sans être énervante. Les seconds rôles sont très réussis et recèlent de bonnes surprises : Frédérique Bel est pétillante en nympho bébête, Valérie Lemercier est parfaite en éditrice machiavélique… Bémol pour JoeyStarr qui passe à côté d’une scène de chant avec Michel Legrand (le vrai) qui aurait pu devenir aussi culte que celle où il offre ses plus beaux pas de hip-hop dans Polisse.

L’amour dure trois ans
distille un humour piquant, moins cynique que dans le livre, et passe à côté du romantisme et de l’émotion. Au final, Frédéric Beigbeder arrive à faire rire intelligemment (ce qu’on ne peut pas dire de toutes les comédies françaises) et nous livre une comédie bobo-parisienne à son image : un peu loufoque, tentant d’être déjantée en surface et agréable à regarder.

Titre original : L'Amour dure trois ans

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Durée : 98 mn


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