L’Age d’homme… maintenant ou jamais

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30 ans, fameux cap devenu une sorte de maladie du 21ème siècle, nombreux sont les films qui se sont penchés sur la question. L’âge d’homme aborde lui aussi ce même sujet, n’échappant pas à la règle de la remise en question. Mais, le réalisateur s’est-il lui aussi suffisamment remis en question pour que son film […]

30 ans, fameux cap devenu une sorte de maladie du 21ème siècle, nombreux sont les films qui se sont penchés sur la question. L’âge d’homme aborde lui aussi ce même sujet, n’échappant pas à la règle de la remise en question. Mais, le réalisateur s’est-il lui aussi suffisamment remis en question pour que son film réussisse à sortir du lot, à se démarquer ? Pour nous le prouver, c’est maintenant ou jamais.

Seul devant sa glace, Samuel hésite, ne sait plus quoi faire ni penser. Jeune réalisateur de 30 ans à l’imagination débordante (il crée finalement plus de films dans sa tête que sur la pellicule), Sam fait face, comme tout le monde, à la crise de la trentaine. Réussira-t-il le grand saut ? Saura-t-il grandir à temps ? S’engager auprès de Tina ? Devenir un homme ? Il se lance alors dans une course contre la montre et se donne 24 heures pour devenir un homme.

Les questions et remises en question se bousculent dans l’esprit de Samuel. Il tourne en rond, a du mal à trouver sa place, son rythme et à se jeter à l’eau. A travers ce personnage, c’est toute une génération que le réalisateur essaie de comprendre et de nous faire comprendre. Par le biais de cette peur de l’engagement envers l’autre, c’est avant tout la peur de soi qu’il met en avant, ce manque de confiance personnelle. C’est aussi le temps qui est visé du doigt. Ce temps qui effraie car il exacerbe et met en lumière tous nos défauts, nous mettant à nu face à l’autre. Finalement, c’est la peur de perdre pied et de se noyer.

Ce jeune trentenaire a la chance d’être porté à l’écran par un Romain Duris véritablement survolté, donnant beaucoup plus de lui-même que dans le film de Christophe Honoré Dans Paris. Très convaincant, il joue son rôle avec beaucoup d’aisance. Et pour ne rien gâcher, nous avons le plaisir de retrouver ici un Romain Duris d’une grande drôlerie. Le film est totalement centré sur sa personne et nous l’offre dans tous les plans et sous toutes les coutures.

Néanmoins, Samuel n’est pas seul. Il est accompagné par Tina, Aïssa Maïga très à l’aise dans le costume de cette jeune femme bien dans son corps et bien dans sa tête, en totale rupture avec Samuel qui, lui, ne sait plus où il en est. Il peut aussi compter sur ses potes de toujours, Jorge et Mounir, même si ceux-ci ne se révèlent pas être d’une grande aide.

Raphaël Fejto revient donc au cinéma avec une comédie qui aurait pu passé inaperçue de par son sujet. Mais il réussit plutôt bien à l’attaquer, de manière assez originale. Restant léger, dans le registre de la comédie, il nous montre aussi une certaine facette des trentenaires de notre époque, et des questions auxquelles ils sont confrontés, de telle manière que son film tire son épingle du jeu. Il a aussi su s’entourer d’une belle équipe en reprenant plusieurs acteurs de son film Osmose (Romain Duris, Clément Sibony, Rachid Djaïdani). La bande-son (Curtis Mayfield, Mika, LCD Soundsystem et même Mozart) n’est pas en reste et donne du rythme au film.

L’Age d’homme, sans être un très grand film, est une bonne comédie de la rentrée en laquelle nombreux pourront peut-être se reconnaître. Pari réussi pour Raphaël Fejto !

Titre original : L'Âge d'homme... maintenant ou jamais

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Durée : 88 mn


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