La Vie de château

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Salons de coiffures afros Film communautariste si l’on veut, on se demande bien comment La Vie de château va trouver sa place dans le flot ininterrompu des films qui sortent toutes les semaines en France. Ce premier long métrage de deux jeunes réalisateurs parisiens ne parlent pas de la vie des "bling bling", quoique !, […]

Salons de coiffures afros

Film communautariste si l’on veut, on se demande bien comment La Vie de château va trouver sa place dans le flot ininterrompu des films qui sortent toutes les semaines en France. Ce premier long métrage de deux jeunes réalisateurs parisiens ne parlent pas de la vie des "bling bling", quoique !, ni même d’une sorte d’existence cossue telle qu’on en voit dans les sitcoms. Non, le film devrait en fait s’appeler La Vie à Château d’Eau, mais il faut avouer que cela aurait été moins glamour. En fait, il s’agit tout simplement d’une tranche de vie des Africains qui vivent de coiffure, de manucure et de larcins autour de la célèbre station de métro parisienne, Château d’Eau (précisons qu’il y a presque la même chose à Château Rouge si les réalisateurs envisagent un deuxième opus ou une suite). Pour ceux qui passent par là il n’est pas possible que vous n’ayez pas remarqué tout d’abord la foule dense, les boutiques de perruques et de coiffures collées les unes aux autres et, surtout, les rabatteurs qui font la retape pour ces boutiques jusque sur les quais du métro. « Tous deux d’origine africaine, déclare l’un des deux réalisateurs, Cédric Ido, on y va depuis l’enfance. C’est un quartier qui fait partie de notre mythologie… Ces quelques rues autour de la station de métro ont vu naître des genres musicaux, des danses, des modes vestimentaires… Toute une culture au retentissement énorme est née ici, diffusée en Afrique et dans le monde par la diaspora. »

Une comédie à l’africaine ?

L’intention des réalisateurs est toutefois assez ambiguë même si l’on sent bien chez eux le vif désir de dépeindre un quartier populaire, sans misérabilisme, ni culpabilité. Pourtant, on n’est pas non plus dans une comédie à l’italienne, ou plutôt à l’africaine car cette histoire devient à la fois trop embrouillée par une sorte de trame de trafics en tout genre, jalousie er rivalités, et surtout par une narration peu claire. On pourrait aller même plus loin en disant que ce film pourrait faire du tort aux Africains de Paris présentés ici, encore une fois, comme des magouilleurs, même s’ils aiment faire la fête et rigoler. De plus, en promulguant le vivre ensemble et le multiculturalisme chers à nos dirigeants de tous bords, les deux jeunes réalisateurs ont-ils conscience qu’ils participent à créer une sorte de ghetto comme s’il existait plusieurs Paris et que ceux représentés par diverses communautés immigrées voulaient prendre le pas sur le vrai Paris, si tant qu’il existât encore, remplacé depuis belle lurette par une ville-monde qui a perdu tous ses repères ?

Joséphine Baker à la rescousse

C’est sans doute ce que signifie l’ouverture du film, de manière ironique, sur une chanson de Joséphine Baker, « Paris… Paris ». « C’est un clin d’œil, déclare Modi Barry, à Touai Bouki, un film de Djibril Diop Manbety (1973), dans lequel un jeune couple de marginaux sénégalais écoute en boucle les premières mesures de cette chanson en rêvant de Paris. C’est ce Paris mythique qui a attiré nombre d’exilés africains, qui espéraient eux aussi mener « la vie de château ». À part son caractère involontairement ethnographique, il n’est pas sûr que ce film puisse plaire aux Africains qui tentent de s’intégrer à la société française. Par contre, il pourrait passionner les bobos qui adorent, mais jusqu’à quand ?, un certain multiculturalisme, ou aux personnes rétives à l’immigration qui pourraient s’en servir et, du coup, ce film raterait son coup en péchant justement à cause d’un message peu clair.


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