La Nouvelle vague australienne

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L’avènement d’une terre de cinéma et de son imaginaire.

Si l’Australie a contribué à la naissance de l’industrie cinématographique en accueillant, dès octobre 1896, sa première projection publique, l’histoire de son cinéma est jalonnée de chutes et de sursauts qualitatifs – un vrai essor des studios dans les années 1910 interrompu par la Première Guerre mondiale, un Oscar du meilleur documentaire avec Kokoda Front Line (Ken G. Hall, 1943) –, qui en ont longtemps fait, spécificités locales en plus, un décalque du cinéma américain, vers lequel se sont toujours exilées ses stars en devenir comme Errol Flynn, Peter Finch, Rod Taylor ou plus tard Cate Blanchett et Nicole Kidman. Tout change à l’orée des années 1970, où le cinéma australien va connaître un véritable âge d’or grâce à l’émergence de nombreux jeunes talents. Le mouvement fut initié par des productions signées de réalisateurs étrangers, They’re Weird Mob (1966) de Michael Powell, La Randonnée (Walkabout, 1971) de Nicolas Roeg et Wake in Fright (1971) de Ted Kotcheff. À travers ses trois films, les mœurs et l’espace australien s’inscrivent dans un imaginaire pittoresque, poétique et sauvage, magnifié par des représentations puissantes du bush. Par la suite, Peter Weir se nourrira des maux ancestraux de son pays dans La Dernière vague (The Last Wave, 1977), le mystère de cette nature nourrissant également l’envoûtement de Pique-nique à Hanging Rock (Picnic at Hanging Rock, 1975). Dans une autre veine, la furie à l’œuvre dans les deux premiers opus de Mad Max (Mad Max en 1979 et Mad Max 2 en 1982) de George Miller use d’un futur apocalyptique pour exacerber le chaos de Wake in Fright. Entre onirisme, barbarie et retour sur son histoire, le cinéma australien creusera donc un sillon qui donnera des grands films comme Gallipoli (Peter Weir, 1981) ou Héros ou salopards (Bruce Beresford, 1980), bases sur lesquelles il saura se renouveler une décennie plus tard avec des thématiques plus contemporaines (Priscilla, folle du désert – Stephan Elliott, 1994), voire de la folie avec les films de Rolf de Heer (Bad Boy Bubby, 1993, notamment).

Bonne lecture avant un prochain Coin du cinéphile consacré à Jacques Becker.


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