Promu temporairement à la tête de son agence bancaire, Pierre Vidal (Pierre Richard), zélé mais rigide employé est plongé dans un méli-mélo financier, ce qui ne manque pas de réjouir sa compagne (Jane Birkin) qui s’apprêtait à rompre, lassée d’un quotidien monotone. Désireux de profiter des effluves des 3 700 000 spectateurs de La moutarde me monte au nez (1974), le producteur Christian Fechner remet le couvert en confiant au même trio d’artificiers Zidi/Richard/ Birkin le soin de « casser la baraque », un pari réussi avec quasiment 3 000 000 d’entrées.
Dans son sempiternel costume cravate engonçant, Pierre Richard ne peux trouver plus vivifiant contrepoint que la désinvolture d’une Jane Birkin, cousine britannique de la tout aussi pétaradante suissesse Marthe Keller, resplendissante en gourou lumineuse du lâcher-prise. Du côté spectateur , le lâcher-prise est la condition sine qua non pour accepter de payer son ticket d’entrée dans le grand barnum de Claude Zidi qui ne s’embarrasse ni de vraisemblance ni de finesse, à l’exception notable des Ripoux qui lui vaudra un César en 1985, pour faire partie de la short list des Rois des gags du cinéma. Faisant appel aux comiques des époques traversées, Pierre Richard, De Funès, Coluche… son univers humoristique ne se double pas comme chez Gérard Oury d’une appétence pour l’aventure et le romanesque, de douces rêveries comme chez Yves Robert, ou du plaisir des bons mots comme Francis Veber. Zidi plonge sans vergogne dans le potache, préférant souvent la quantité à la qualité des gags. Pariant que dans cette course à l’échalote, une salve bien calibrée finira un moment ou un autre par nous dérider. Pari peu risqué, somme toute, de part l’abatage de ses têtes d’affiche. La partition enjouée et finaude de Vladimir Cosma ( dont un thème possède des intonations des aventures de Rabbi Jacob) n’est pas étrangère au plaisir éprouvé.
Zidi aime les saltimbanques, les Charlots dans ses premiers films, les trublions du diptyque des sous-doués, dans L’aile ou la cuisse Coluche aspire à embrasser la vie d’artiste…. Ici, dans La course à l’échalote, le personnage de Pierre Richard est embarqué dans la tournée d’un cabaret. Le mince fil conducteur du scénario sert de prétexte à la multiplication de scénettes qui se suffisent à elles-mêmes La mise en scène de Zidi emprunte au cabaret sa structure en numéros de music-hall, Jouant, jusqu’à plus soif, sur la surprise, la répétition, la confusion entre personnages, entre acteurs et spectateurs, mêmes, pour dynamiter un lieu originellement paisible. Le cas présent : la banque, le commissariat, le train, la salle de spectacle…. Dans ce micmac permanent où une chatte ne retrouverait pas ses petits, la bonne humeur finit rapidement par l’emporter sur les enjeux supposés. Du burlesque bon enfant sans prétention. De quoi laisser pour un temps nos méninges au repos, et les sommations contemporaines de devoir à tout prix sortir des stéréotypes lorsqu’on souhaite simplement plaisanter.
La Course à l’échalote, sortie DVD & Blu-ray Chez Pathé le 25 juin 2025.