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La réalité dépasse la fiction L’idée de départ du quatrième long métrage multi-récompensé de la réalisatrice belge, Fien Troch, est de montrer que « la réalité dépasse parfois la fiction », comme elle le confie elle-même au dossier de presse. S’inspirant de faits réels et de sa propre adolescence, elle rend un bel hommage à […]

La réalité dépasse la fiction

L’idée de départ du quatrième long métrage multi-récompensé de la réalisatrice belge, Fien Troch, est de montrer que « la réalité dépasse parfois la fiction », comme elle le confie elle-même au dossier de presse. S’inspirant de faits réels et de sa propre adolescence, elle rend un bel hommage à ce bel âge dont on sait qu’il n’est pas sérieux. Il s’agissait bien sûr d’une antiphrase poétique de la part d’Arthur Rimbaud, tout le monde sait bien que l’adolescence est un âge sérieux, difficile, peuplé de cauchemars et de rêves qui ne verront sans doute jamais le jour. Avec l’aide de son mari, Nico Leunen, monteur de ses films, elle est revenue, maintenant qu’elle est mère à son tour, sur cette période troublée en proposant nolens volens une jeune fille qui ouvre le film dans le bureau du proviseur, comme sorte de double qui observe des jeunes qui l’entourent mais qui réfléchit également (dans les deux sens du terme). Cette fille est un miroir mais aussi un moteur pour le déroulement d’une action même si elle semble passive. Tourné avec des acteurs non professionnels, découverts dans un casting où on leur demandait comment ils envisageaient leur avenir dans 20 ans, la réalisatrice a pu mieux choisir celles et ceux qui pourraient rester eux-mêmes loin de la fabrication de personnages proposée par les acteurs professionnels.

Un mélange entre réel et fiction

Sur le plan esthétique, Fien Troch, s’inspirant du mode de vie actuel via les réseaux sociaux, a tenu à incorporer à ses propres images les vidéos réalisées par les jeunes avec leurs Smartphones. Cela donne, certes, un mélange de genres, mais pas seulement. Cette intrusion avec changement de format de l’image, qui rappelle bien sûr l’esthétique mise en place par Xavier Dolan, n’est pas anecdotique. Elle apporte plus de réalisme au film, comme si le spectateur se trouvait devant un documentaire car la production avait décidé de confier un téléphone à chacun des jeunes acteurs avec, pour consigne, de filmer ce qu’ils voulaient. Cette idée ponctue par moments le film et possède son point d’acmé dans la scène capitale du matricide qui fait de ce film un œuvre incontestablement importante. En effet, ceux qui penseraient que ce film, qui porte de façon insolente et provocatrice le titre Home, serait une sorte d’hommage à la famille et au foyer, se tromperaient lourdement. Il s’agit bien de tout le contraire car la réalité est tordue et exprimée jusqu’à sa substance par la narration, jusqu’à rendre le film particulièrement angoissant. On pense bien sûr à Larry Clark, notamment dans les séquences dites de sexe explicite, mais pas seulement. Il y a également une référence, parfois lointaine, aux frères Dardenne, mais sans le côté misérabiliste et un peu pathétique. Le réel se donne ici avec toute sa force, même si nous savons tous bien sûr que le cinéma n’est pas la réalité, il n’en est même pas le reflet, ni même le miroir.

Mères au bord de la crise de nerfs

Les adultes sont montrés de façon assez monstrueuse, notamment les mères soit parce qu’elles sont froides, soit parce qu’elles sont abusives et incestueuses. Partant d’un fait réel découvert dans un documentaire à la télévision, la réalisatrice tord le cou aux idées reçues en proposant non pas, comme il est commun, un inceste d’un père envers sa fille, mais celui d’une mère envers son fils dont elle a abusé depuis qu’il avait 3 ans. C’est à ce moment-là que Home devient psychanalytique en ouvrant la porte à l’horreur de l’inceste et au matricide. « Ce meurtre est une explosion, explique Fien Troch dans le dossier de presse. Celle d’un garçon qui, quinze années de sa vie, a connu l’abus. C’est pourquoi le crime devait être brutal. La tension monte peu à peu, jusqu’à atteindre un paroxysme. Dans le documentaire qui a servi de trame à mon film, ils le disaient également. Quand un enfant abusé tue l’un de ses parents, c’est toujours une explosion de violence car toute sa douleur s’exprime à ce moment précis. »


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