Gianni et les femmes

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Mieux vivre son andropause quand on est cerné par des hordes de femmes désinhibées. Difficile… Et surtout peu convaincant.

Pauvre Gianni. Entre ses vieux amis libidineux, son antique maman romaine encombrante et bigarrée, l’été, la sueur, les strings et toutes ces meufs à la poitrine opulente… Que faire ? Certains se contenteraient de leur épouse plutôt élégante, active certes débordée, mais soignée et agréable à regarder. Ce serait trop facile. Testostérone en péril oblige, Gianni a quelque chose à prouver. Pas à sa femme qu’il l’aime et qu’il peut se rendre utile pour quelqu’un d’autre que sa mère, non… Mais à ses amis qu’il n’est pas une « tapette », oui. Et qu’il peut même arriver à sauter une jeune pouliche. Toc ! Bienvenue au marché à bestiaux… « Mmhhh Charal ».

Retraité, femme au foyer plus velue et baraquée que la norme à qui on demande d’acheter des rideaux et de préparer le café pour le copain intermittent avachi mais gentil de sa fille, Gianni a des circonstances atténuantes. Nourri au chantage affectif par sa mère depuis la naissance, la vieille – très réussie, dans le registre noblesse déchue momifiée – ponctionne et essore son fils, tel un maigre parasite vorace cuirassé de toilettes aveuglantes et garni de parures dorées. De sa bande de vieux copains lubriques, Gianni est le seul à ne pas se comporter comme un cochon. Gianni et les femmes illustre donc ce dilemme, parfaitement shakespearien : être ou ne pas être un vieux porc…

Gianni Di Gregorio lui-même joue ce qui semble être son propre personnage de senior angoissé, sa propre fille incarnant d’ailleurs sa fille. Cette dimension autobiographique apporte peu à un film d’une qualité télégénique plutôt haut de gamme pour la RAI. Plutôt normale pour TF1. Autant dire que plus on s’élève sur l’échelle de l’exigence, plus la valeur du film est dégressive. Les tentatives de comique gestuel ébauchées par Di Gregorio, son sourire constipé, ne comblent pas la mollesse des dialogues. Gianni Di Gregorio ne s’était pourtant pas ménagé dans le scénario. Davantage pathétique qu’attachant, on aurait pu se délecter d’une tauromachie assez cruelle autour de ce personnage lâche et banal, impuissant dans l’amoralité comme dans la moralité. Depuis la blonde Kristina, aide à domicile de sa mère dont il hante les rêves sous les traits d’un grand-père, à la plantureuse voisine un poil trop expansive dont il sort régulièrement le chien trois fois gros comme le sien : les situations ne manquaient pas.
 

La bienveillance du réalisateur pour son double bon à tout faire affadit considérablement le propos du film déjà très pauvre formellement. Très vite l’humour se résume à une morne farandole de viagra, fessiers, jambes, décolletés, et pantalon mouillé. Le doigt n’étant que brièvement et superficiellement posé sur les véritables enjeux sociaux du film, points ô combien sensibles : le lieu commun de l’usure du couple, le ressenti physique de la vieillesse, le soi-disant fossé des générations, la délimitation arbitraire des âges de la sexualité et de l’amour, le statut de mâle, l’image de la virilité, le cynisme populaire et son pendant, la bienséance hypocrite. Cet assortiment de sujets rarement abordés est souvent réduit dans la sphère publique à quelques poncifs vieux comme le Colisée qui n’atteindront malheureusement pas leur ruine dans ce film. La comédie perd ainsi tout son potentiel d’acidité subversive, avalé par le soporifique label divertissement familial tout public. Le désengagement progressif de Gianni Di Gregorio est palpable jusque dans le (non) choix de sa non fin : l’évasion dans le rêve suite à l’absorption de substances illicites (jeunesse, quand tu nous tiens) et le retour brutal à la réalité : « Qu’est-ce qui se passe dans ta tête ? »… Pas grand-chose.

Titre original : Gianni e le donne

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Durée : 90 mn


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