Festival Kinopolska – Film primé

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Le Grand Prix du festival du film polonais Kinopolska à Paris fut attribué à un film apocalyptique.

Entre le 16 et le 20 novembre au cinéma Le Balzac à Paris a eu lieu un le festival du cinéma polonais – KINOPOLSKA. Le festival, existant depuis 2008, s’est ouvert avec un nouveau film, The Eccentrics, d’un réalisateur mondialement connu, Janusz Majewski, également invité au festival pour la présentation de son nouveau film. En plus de grand classique, cette année KINOPOLSKA proposait un programme de compétition composée de six longs métrages, faits pas de jeunes réalisateurs polonais, et également une présentation des courts métrages documentaires inédits, proposés par L’Institut National de l’Audiovisuel (INA) autour du thème « Visions urbaines ».

Le prix du Public fut remporté par Walpurgis Night de Marcin Bortkiewicz, sur le thème de l’Holocauste. Tandis que le jury, composé des critiques de cinéma Adrien Dénouette et Frédéric Mercier, des réalisatrices Wiktoria Szymańska et Clara Elalouf mais aussi d’une productrice et coordinatrice artistique du Festival International du film de La Rochelle, Sophie Mirouze, a désigné le Grand Prix de KINOPOLSKA au film de Jan P. Matuszynski The Last Family (Ostatnia Rodzina).

Ce dernier est basé sur une histoire vraie, issue de la vie de la famille d’un peintre surréaliste polonais, Zdzisław Beksiński. Né en 1929, le peintre est mort à l’âge de soixante-quinze ans. A l’écran l’écoulement du temps se ressent d’une manière presque physique. Nous sommes placés avec les personnages du film – son épouse Zofia, son fils Thomek et les deux vieilles mères du couple – dans un huis clos presque tout au long de l’oeuvre : l’appartement du peintre à Varsovie.

 

The Last Family de Jan. P Matuszynski

A la recherche du temps arrêté

Le temps s’écoule à travers les appareils différents, selon l’époque, accompagnent des vies humaines : l’appareil photo argentique, une première grosse caméra vidéo, qui se réduisent en taille petit à petit jusqu’à un appareil photo numérique minuscule ; l’arrivée des ordinateurs avec les premiers signes de vie d’internet, avec ses sons bipants du modem au moment de la connexion. Zdzisław filme sans scrupule la réalité qui l’entoure, il a laissé une archive vidéo si riche, comme aucun peintre auparavant en Pologne. Il se prend en photo lui-même, il photographie tous les objets qui l’entourent avec une précision maniaque, filme les conversations paisibles et les scandales hystériques entre sa femme et son fils suicidaire, mais aussi les visages de sa mère et de sa belle-mère mortes, les enterrements, le visage de sa femme au moment de son départ. Comme si Zdzisław était à la recherche d’un moyen d’arrêter le temps, ce qu’il tentait de faire en se servant de ces images filmées pour ses peintures apocalyptiques.

La vie emboîtée

Le quartier où la famille s’installe dans les années 70 est composé de grandes tours d’immeubles récents, qui sculptent et obturent le paysage vu par les fenêtres avec ses verticales et ces vis-à-vis où l’on peut être constamment observé. D’ailleurs, les verticales et les cadres des portes et des couloirs, des espaces étroits de toilettes et des ascenseurs, même les nombreux disques de vinyle alignés sur les étagères, emboîtent la famille de Beksiński dans le petit appartement surpeuplé, créant une sensation d’enfermement sans issue où le temps ne peut s’écouler que dans une seule direction. Les perspectives du cadre se terminent toujours par une porte fermée ou un rectangle noir, un passage donne sur un mur et montre une impasse. Le film nous oblige à réfléchir au sens de notre vie et à sa fin, surtout quand on voit la mort ôter progressivement le peintre de toute sa famille jusqu’à ce qu’il reste seul dans ces couloirs assombris, souffrant de la solitude et d’une phobie maladive des araignées.

Image d’en-tête également de The Last Family


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